Des résidents seuls deux heures dans une nuit à la Résidence du sourire dans le 78, groupe ACPPA
Conjonction de petit dysfonctionnements qui deviennent un gros dysfonctionnement.
Dans la nuit du mardi 15 à mercredi 16 novembre 2011, les 71 résidents de la Résidence du Sourire à Carrières sous Poissy (78) se sont retrouvés livrés à eux-même.
L'équipe de jour n'a pas vu arriver la relève ... qui n'est pas venue, laissant seuls les résidents dont certains ont besoin d'aides et de soins.
Deux résidentes apeurées ont appelé les pompiers et la police à 22H30. Leur venue a provoqué un emballement médiatique.
Pas un problème de manque d'effectif, mais des dysfonctionnements en série
Laurentia Palazzo, directrice qualité et communication du groupe associatif ACPPA dont dépend l'établissement, précise qu'il ne s'agit pas ici d'un manque d'effectif (l'établissement bénéficie de 2 personnels de nuits pour un Gir Moyen Pondéré (niveau de "dépendance") de 600) mais d'une série de dysfonctionnements et de concours de circonstances inédits, qui ont abouti à un manquement grave.
Alors que la passation de l'équipe de jour à l'équipe de nuit se déroule normalement à 20H30, ACPPA ne s'expliquait pas jeudi dernier, pourquoi elle n'avait pas eu lieu (faute professionnelle ?). Une des salariées de l'équipe de nuit, souffrante, avait envoyé son arrêt maladie, mais celui-ci n'avait pas été réceptionné. L'autre salarié pensait qu'elle ne travaillait pas (erreur de communication de planning). A l'arrivée des pompiers et de la police, le jeune directeur de la résidence a été prévenu. Il a dérangé une salariée formatrice du groupe ACPPA qui logeait sur place pour faire le lien. Il a contacté deux autres personnels de nuit qui sont venues au pied levé. A minuit 30, tout est rentré dans l'ordre.
Bref, une série de micro dysfonctionnements, inhabituels au vu la réputation de la résidence.
Cet ancien logement-foyer Sinoplie de la Mutualité sociale agricole, a été totalement rénové en EHPAD (Etablissement pour personne âgée dépendante) par l'ACPPA. Il avait été inauguré cet été avec les pouvoirs publics, les élus locaux.
Le médecin coordonnateur a vu tous les résidents la semaine dernière, ils allaient bien, précise Madame Palazzo, d'ACPPA. Le directeur les a réuni avec leurs familles. Il aspire à ce que la vie de la maison reprenne son cours, et que la présence des médias, des policiers, s'estompe petit à petit.
Pour autant la ministre des solidarités et de la Cohésion Sociale, Roselyne Bachelot-Narquin, a réclamé des sanctions. Les associations professionnelles comme l'Ad-PAréclament plus de moyens pour permettre des temps de coordination, de transmission, d'encadrement etc.
C'est ma mère qui a donné l'alerte avec une voisine
Sylviane Bretton est la fille de Madame Postolec qui a donné l'alerte, avec une voisine, aux pompiers et à la police.
Madame Bretton fait partie du Conseil de la vie sociale (CVS) de la résidence (CVS).
Pourquoi avoir choisi cette résidence ?
Après avoir visité six établissements, Mme Breton explique avoir choisi cette résidence du Sourire car la santé de sa maman se dégradait. Ses critères personnels de choix étaient la qualité de l'accueil, des chambres spacieuses (d'ancien logement-foryer), un établissement mis aux normes, un lieu de vie, pas un hôpital même si des résidents sont très fragiles et malades et un prix abordable 2100 euros/mois pour la région parisienne.
Dans l'ensemble, madame Bretton se dit satisfaite de la prestation proposée à sa maman, avec quelques bémols : l'embauche rapide de personnel nouveau, à intégrer, à former, "L'établissement a peut-être grandi trop vite", il faut du temps pour accompagner le changement.
Comment réagit votre maman à cet incident ?
C'est la maman de Mme Breton qui, avec sa voisine, s'est rendue compte que les résidents étaient seuls. Sans appeler leurs familles, sans regarder à l'infirmerie un numéro d'appel, elles ont dûe prendre peur et appeler les pompier ou la police. Me Bretton n'a pas été avertie par sa mère mais par la direction de la résidence, ce qu'elle a apprécié (plutôt que d'apprendre les nouvelles à la radio, la télévision), les journaux).
"Aujourd'hui les résidents semblent vivre plus mal tout ce brouhaha (journalistes, police) plutôt que le problème de la nuit", estime Mme Bretton
"Je sais que des familles ressentent de vives inquiétudes, des angoisses, notamment pour les parents de résidents atteints de pathologies neuro-dégénératives". Certaines portent plainte. ).
Une réunion avec les familles, les résidents et la direction a eu lieu ce jeudi 17 novembre.
"Ce que je souhaite personnellement c'est que l'on tire les conséquences de ces dysfonctionnements graves pour repartir sur des bases saines". Il faut clarifier les rôles de chacun, cadrer davantage... L'enjeu est que la résidence devienne "un lieu agréable à vivre pour les résidents" !
Mme Bretton ne veut ni gommer ce qui s'est passé, ni tirer à boulets rouges.
La maison, le personnel, le directeur (qui est très jeune) ont maintenant besoin d'un accompagnement, pour que la Résidence du sourire retrouve sa sérénité.
En savoir plus sur la Résidence du Sourire de Carrières sous Poissy
Le groupe associatif ACPPA créé en 198, qui compte 37 EHPAD, un service à domicile, un service de soin infirmiers, un centre de formation (école d'aide soignante, AMP : aide médico-pédagogique).
"ACPPA engage de nombreuses démarches dans le sens d'un prendre soin de qualité, mais est alors peu suivi dans ses initiatives par les médias", regrette Laurence Palazzo.