Vivre chez soi
On compte sur les familles et les proches
Pour contribuer à réduire les déficits, la rapidité avec laquelle le gouvernement a fait le choix de reporter la "réforme sur la dépendance" début 2012, laisse songeur.
Le gouvernement était pourtant mobilisé sur cette question d'un "5ème risque", promesse de campagne du candidat Nicolas Sarkozy, avec des débats nationaux et régionaux,
Le choix d'un débat citoyen partout en France était un risque politique. Une large expression s'en est suivi.
Très à l'écoute, Roselyne Bachelot la ministre de tutelle, avait été impressionnée par la qualité des témoignages, la dignité des propos quant aux attentes, aux besoins, aux difficultés rencontrées par les personnes directement concernées, leurs familles, les proches, les aidants mais aussi les professionnels.
"Lors de ces débats régionaux, les intervenants professionnels, personnes, familles... ne m'ont pas d'abord parlé d'argent mais du choc de la dépendance d'un être tendrement aimé. Il nous faut répondre à l'épuisement des aidants familiaux et au parcours du combattant pour connaître les aides et les services adaptés." nous expliquait la ministre au moment de la présentation des rapports des quatre groupes d'experts mandatés pour cette "réforme de la dépendance".
A court terme (lors du projet de loi de finances de la sécurité sociale pour 2012), Roselyne Bachelot estimait qu'un milliard d'euros viendrait aider les services d'aides à domicile en crise, les départements exsangues, le reste à charge des résidents de maison de retraite et leur famille.
Dès juin, les professionnels craignaient déjà une réforme à minima.
Est-ce l'absence de "poids politique" des personnes ayant besoin d'aide, de leurs proches qui a incité le gouvernement à plier le dossier ? "Jamais nous n'avons pas été accueillis par des banderolles, lors de ces débats régionaux" rappelait la ministre lors d'un débat.
Clairement, le gouvernement a choisi de demander aux vieilles personnes fragilisées, à leurs proches et aux professionnels d'attendre. Une fois de plus.
Combien de temps ? Nul ne peut le dire.
Comment les situations de détresse vont-elles pouvoir s'exprimer ? Le poids de l'aide repose essentiellement sur les proches rappelle une étude récente - HID-Drees.
Le désespoir, l'épuisement, le sentiment de rejet social ne feront peut-être pas surgir des manifs ni des banderoles, mais risquent au contraire de multiplier les faits divers tragiques et facilitent le retour du débat sur l'euthanasie.
Une rentrée aux accents pessimistes qui ne nous empêchera pas de toujours espérer une refonte de notre contrat social vers "une société pour tous les âges".
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