Personnes âgées : "Générations", une alternative à la maison de retraite France
Un village près de Dijon pas comme les autres
Enfants et jeunes couples cohabitent au village "Générations" dans un esprit d'entraide avec les anciens: cette résidence collective près de Dijon se veut une alternative à la maison de retraite et un exemple pour la réforme de la dépendance, attendue à la rentrée.
Chantal Blachon suit d'un oeil bienveillant sa mère de 86 ans qui, avec sa canne, avance difficilement le long des barres d'appui fixées au mur du couloir de la résidence fondée en 2002, où vivent vingt personnes physiquement ou psychiquement dépendantes.
Ses parents sont arrivés en 2007 au village "Générations", situé à Saint-Apollinaire (Côte-d'Or), explique la quinquagénaire, et, à la mort de son mari, sa mère, ne voulant pas se retrouver seule a souhaité y rester.
Outre l'"unité de vie" pour personnes dépendantes, ce site de 1,2 hectare compte 76 logements occupés à parité par des personnes âgées et des couples avec jeunes enfants, une halte-garderie, un relais d'assistantes maternelles, une salle des fêtes, un restaurant scolaire, ainsi qu'un accueil de jour pour des malades d'Alzheimer. "Certains disent que ces petites unités de vie ne sont pas viables ou sont trop chères, moi je pense que c'est l'avenir", assure Pierre-Henri Daure, directeur des établissements de la Fedosad (Fédération des oeuvres de soutien à domicile), à l'origine du concept de "Générations", aux côtés de la mairie de Saint-Apollinaire et de l'Opac de Dijon.
"Le fait d'intégrer des petites unités de vie à la ville, ça banalise la dépendance, ça facilite les coups de main entre voisins, alors qu'une maison de retraite avec 100 ou 150 résidents d'un coup, ça fait peur", ajoute celui qui plaide pour "des unités de vie en réseau, afin de mutualiser les moyens". Alors que le président de la République doit trancher prochainement sur les réformes et les modalités de financement de la dépendance, entre assurance privée et solidarité nationale, face à l'augmentation à venir du nombre de personnes très âgées en France, Pierre-Henri Daure parle d'un "choix de société".
Mais réunir toutes les générations sur un même lieu ne suffit pas. Pour donner une âme à "Générations", tout nouvel arrivant doit signer la charte "Bonjour voisin !". Cet engagement moral formalise l'esprit du lieu: "la solidarité intergénérationnelle basée sur l'échange et l'entraide". Diaporama, après-midi "loto", atelier poterie: "au moins deux fois par mois", Isabelle Benoît, employée par la ville, organise des animations à "Générations".
"Les enfants de la halte-garderie vont à la rencontre de toutes les personnes âgées vivant ici pour des temps de lecture ou de dessin. Les petits offrent leurs dessins aux mamies, qui en retour leur montrent comment recoudre un bouton", détaille-t-elle.
Estelle, animatrice depuis deux ans à l'accueil de jour des malades d'Alzheimer, estime pour sa part que les rencontres avec de jeunes enfants, "ça débloque des choses". "Nos papis et mamies s'assoient sur les petites chaises des enfants, les mots sortent et les enfants timides arrivent à créer des liens. Ca va dans les deux sens", conclut-elle.