Bien vieillir (prendre soin de soi)
La France est la seule à maintenir la barrière de l'âge
Au plus haut sommet de l'Etat, la République mobilise ses acteurs nationaux, locaux, ses experts pour réformer l'aide aux personnes âgées en situation de handicap. Les rapports se succèdent pour "accompagner les débats" : celui de la députée Valérie Rosso-Debord, celui des sénateurs Marini et Vasselle.
Chacun reprend le terme de "dépendance" pour les prestations destinées aux personnes de plus de 60 ans (APA : aide personnalisée d'autonomie), en opposition avec les prestations aux personnes handicapées de moins de 60 ans (PCH : prestation de compensation du handicap, nettement plus favorable que l'APA).
Clairement, aujourd'hui, il vaut mieux subir un accident, déclencher une maladie invalidante avant 60 ans, qu'après !
Le handicap serait un "risque", le vieillissement serait "prévisible", argumentent notamment les auteurs de ces rapports.
Or, la CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie), dans son rapport de 2007, l'affirme : la situation de handicap, nécessitant une aide, est un risque, et ce, à tous les âges de la vie. Le risque s'accroît avec l'âge, mais reste un risque. Rappelons qu'à 80 ans, quatre personnes sur cinq vont bien. A 95 ans, seule une sur deux a besoin d'aide.
La France s'est dotée en février 2005 d'une loi pour intégrer les personnes handicapées, quel que soit leur âge. Une situation de handicap doit donner droit à une prestation universelle, qui se décline différemment selon la personne (un enfant, un adulte, une personne retraitée), son lieu de vie etc.
Cinq ans après sa promulgation, toute discrimination liée à l'âge devrait être levée.
Ce n'est toujours pas le cas.
Les uns avancent l'argument financier : "Il serait démagogique d'y penser car le coût de cette convergence de prestation serait trop lourd pour nos finances publiques", estime le sénateur Vasselle. "Les uns perçoivent une retraite, les autres non : il y a une différence", assure le sénateur Marini.
Le handicap ne se prévoit pas et donc relèverait de la solidarité nationale. Mais pas le handicap au grand âge ?
La France a pourtant ratifié la convention ONU sur les droits des personnes handicapées.
En tant que nation européenne, elle doit combattre toutes les formes de discriminations.
Comme le pense Martin Hirsch, lors d'un séminaire sur la "cohésion sociale", faudra-t-il attendre que l'ONU et l'Europe condamnent la France pour discrimination pour réagir ?
Et avancer vers une société pour tous les âges ?