Bien vieillir (prendre soin de soi)
Prendre soin du grand âge vulnérable par Pierre Pfitzenmeyer chez L'Harmattan
C’est dans l’intention de réduire la peur liée à une vision misérabiliste du grand âge que le Pr. Pfitzemeyer s’est livré dans l’écriture de cet essai destiné à tous. Un ouvrage qui a pour but de tordre le cou à des idées reçues en montrant qu’il fait bon vivre même si l’on est gravement handicapé. Pour lui, la société française , actuellement maltraitante envers les âgés vulnérables » pourrait sans mettre en péril sa situation économique améliorer la solidarité avec eux.
Angoisse de mort, perte et déclin, la peur de vieillir est universelle et intemporelle. Mais la conscience de sa finitude est aussi, depuis toujours, pour l'homme, ce qui met, en mouvement sa capacité de créer, d'évoluer, de se surpasser. Respect et admiration tout autant que rejet et humiliation, signale Pierre Pfitzenmeyer ont été, de tout temps aussi, les sentiments des plus jeunes envers les plus vieux qui ont toujours inspiré confiance comme peur, envie comme pitié.
Aujourd'hui le vieillissement démographique de la population fait peur d'un point de vue économique et ce, d'autant plus que dans notre culture d'activité forcenée et rentable, et suivant l'injonction de rester jeune, "la vieillesse est assimilée "à une déchéance faite de pertes irrémédiables, un écroulement progessif de ses aptitudes et des ses droits". Il y a bel et bien un "refus social d'accepter l'ensemble des facteurs témoignant de la vulérabilité de l'être humain" qui conduit à des "comportements extrémistes paradoxaux" : acharnement thérapeutique dans certains cas, abandon thérapeutique dans d'autres.
L'auteur démontre que si le vieillissement biologique est une réalité inéluctable, il est aussi une réalité physiologique moins dramatique qu'il n'y parait. "La perte des réserves fonctionnelles s'accompagne toujours de deux phénomènes offrant un potentiel de vie extraordinaire et une qualité de vie toujours possible quelle que soit la situation où se trouve l'être humain : la compensation et l'adaptation."
Il affirme que le phénomène de compensation ne connait pas de limite d'âge. "Le plus important dans la prise en soin est d'offrir des lieux d'accompagnement où des thérapeutes formés savent stimuler les aptitudes restantes." De même les facultés d'adaptation sont activées dès qu'une perte frappe l'être humain, que celle-ci soit d'ordre physique ou socio-familiale. Ceci grâce aux phases du processus de deuil qui permet peu à peu de "réinvestir sa vie" indique Pierre Pfitzenmeyer, évoquant le phénomène de "résilience" étudié par Boris Cyrulnik.
Une éthique de la vulnérabilité, pourrait, selon l'auteur "permettre d'évoluer vers un monde moins inhumain". C'est en acceptant sa vulnérabilité que l'homme pourrait réduire son angoisse et sa culpabilité liée à cette obligation qu'il se donne de tout contrôler de sa vie ; posture en effet difficile à concilier avec une juste perception du grand vieillissement. Cette éthique de la vulnérabilité devrait aussi selon l'auteur "nous éloigner des tentations euthanasiques actuelles de notre société qui, sous pretexte de préserver l'autre de la souffrance tenterait volontiers de supprimer, dans une dimension purement utilitariste, les plus vulnérables dont la réalité et le coût sont intolérables".
Pierre Pfitzenmeyer est professeur de gériatrie au CHU de Dijon. Afin d'améliorer la situation des personnes âgées très vulnérables, il a participé au développement du pôle gérontologie interrégional Bourgogne/Franche-Comté et de l'Espace Ethique bourgogne/Franche-Comté.
Prendre soin du grand âge vulnérable : un défi pour une société juste
Pierre Pfitzenmeyer (Auteur)
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