Comprendre les fragilités
Edito - Vieux : citoyens quand ça arrange ?
A quelques jours du second tour des élections municipales…
A quelques jours du second tour des élections municipales, certains se rappellent à quel point les plus vieux, fragilisés ou non, sont des citoyens.
Allons-y pour les procurations ! Et une fois élus... tout ce qui concerne les politiques envers les plus âgés devront se dérouler... en silence ?
Pas de vague !
Vraiment ?
Impossible de ne pas faire de vague pour les plus âgés, les octo-plus, les nona-plus, les centenaires et super-centenaires.
L'association Old Up (vieux debout) leur a donné la parole et raconte leur vécu de la crise covid. Prudents (voir les astuces et conseils pour poursuivre les gestes barrières), responsables, solidaires, investis, les citoyens les plus vieux font savoir qu'ils sont là, vivants. Ils veulent participer à la vie, à la cité : aux politiques d'inventer les instances, les structures d'expression et de respect de leur citoyenneté. La crise a montré leur envie de vivre, en lien avec les autres, avec ou sans technologies, pour lesquelles ils ont besoin d'aides aussi (voir l'étude de la caisse nationale d'Assurance vieillesse sur l'exclusion numérique). Or plus de 40 % des bénéficiaires de l'allocation personnalisée d'autonomie (APA) n'utilisent pas l'intégralité des aides. Sans parler de l'invisibilité de ces personnes âgées fragilisées, malades encore très confinées. Qui les écoute ? Qui les entend ? Qui les défend ? Connaissez-vous les conseils de la vie sociale (CVS) ?
Pas de vague...
Impossible de se taire pour les proches aidants, les familles aussi. Ils démontrent les manques d'aides quotidiennes, les manques de soutiens, de structures de répit pendant la crise. S'ils lancent une enquête sur les solutions d'entraide entre aidants (avec Handissimo), s'ils continuent d'innover, eux aussi ne veulent pas se taire. Le plaidoyer 2020 du Collectif Je t'aide, auquel Agevillage participe, pose l'exigence du répit. Ces proches aidants réclament des réponses concrètes à leurs attentes, des solutions professionnelles, labellisées, financées.
Pas de vague...
Impossible de se taire aussi pour les professionnels de l'aide et du soin. Ils sont descendus dans la rue la semaine dernière pour réclamer des reconnaissances sonnantes et trébuchantes. Et même les invisibles prennent la parole. Comme Dafna Mouchenik qui publie le journal de son entreprise de service à domicile parisien pendant ces mois de crise sanitaire. Elle a décidé de mettre en lumière l'engagement de ses équipes, qui sont montées en première ligne, pour aider concrètement les plus fragilisés, malades, isolés, mais aussi les aidants épuisés. Jour après jour, ces professionnels ont déployé leurs savoir-faire, leurs savoir-être pour apporter une présence en relais, des aides pour les courses, les repas, le ménage, la toilettes... Le tout au départ sans masques, sans solution hydro-alcoolique, sans gants, la peur au ventre face aux risques de contaminations réciproques.
Le gouvenement a annoncé une prime qui tarde faute de négociations avec les élus des départements notamment. Et comme chaque territoire est différent, certains financent cette prime et pas d'autres...
Pas question pour les professionels de terrain de désarmer sur cet enjeu politique qui trouvera des financements dans un vrai 5eme rique de protection sociale en lien avec la loi Grand Age Autonomie.
Car oui, rien ne sera possible sans financements dédiés à l'aide et aux soins. Mais il faudra aussi embarquer toute la société dans cette révolution de la longévité, dans cette transition démographique, en écho à la transition écologique (qui a mobilisé une convention citoyenne) et la transition numérique. Il faudra embarquer la réforme du système d'aide et de soin pour le rendre lisible, coordonné, évalué, rassurant, labellisé.
Il faudra embarquer tous les citoyens, dont les plus âgés eux-mêmes.
Et pas seulement au moment des élections, pour partager l'ambition de vivre, de vieillir debout, jusqu'au bout, malgré tout.
A nous, à vous de jouer pour défendre cette citoyenneté... vers des Villes amies des aînés ?