Etre aidant, être aidé
Impact psychologique du confinement : un lourd impact sur les salariés aidants
Stress et surcharge cognitive risquent d’accentuer l’épuisement et d’engendrer de nouveaux troubles
Alors que la vie reprend progressivement son cours, une prise de conscience s’amorce quant aux impacts du confinement sur la santé psychologique des Français. En particulier sur celle des salariés aidants, aux habitudes professionnelles et personnelles bouleversées.
En avril, 44 % des salariés confinés se déclaraient en situation de détresse psychologique, une détresse liée à la surcharge cognitive, selon les fondatrices du projet The Caring Company*.
Or entre les responsabilités professionnelles, la gestion de sa vie sociale et personnelle et l’aide apportée à un ou plusieurs proches fragiles, « la surcharge cognitive est la réalité des salariés aidants », soulignent les quatre expertes.
Une surcharge qui s’est fortement accentuée avec le confinement. Entre la fermeture des structures de répit, les services à domicile pas toujours en mesure d’intervenir chez tous leurs clients et l’atmosphère d’angoisse généralisée, les aidants ont payé un lourd tribut durant la crise sanitaire.
Non inclus dans les bénéficiaires de masques sur prescription médicale, parfois entravés dans leurs déplacements même au motif de l’aide à une personne vulnérable, les aidants ont toutefois pu bénéficier d’un arrêt de travail covid… mais plusieurs semaines après les parents des enfants privés d’école.
Un manque de soutien qui a conduit le Collectif Je t’aide à demander le 22 avril la mise en place immédiate duPlan Agir pour les aidants, lancé par le Gouvernement fin 2019. Une demande laissée sans réponse.
Deuxième vague psychologique ?
Avec le déconfinement, la situation s’améliore peu à peu. Les salariés se déclarant en détresse psychologique fin mai ne sont « plus » que 42 %, un taux qui reste inquiétant, alerte Christophe Nguyen, psychologue du travail et président du cabinet Empreinte humaines.
Avec des impacts importants sur la santé physique : 35 % des personnes interrogées en mai souffrent de troubles du sommeil, 28 % des troubles musculosquelettiques, 22 % des maux de tête…
Et si cette détresse psychologique perdure, d’autres troubles sont à craindre, comme des troubles anxieux, des phobies ou des symptômes post-traumatiques.
La bonne nouvelle, c’est que plus de la moitié des personnes interrogées font preuve de résilience, se montrent capable de se transformer positivement pour faire face et s’adapter.
Pour ce faire, ils ont dû revoir leurs priorités, se montrer plus emphatiques et apporter plus d’attention à eux-mêmes comme aux autres. Des dynamiques déjà à l’œuvre chez de nombreux aidants ?
Quoiqu’il en soit, les lieux de répit rouvrent les uns après les autres, les restrictions s’allègent de plus en plus en Ehpad, et les acteurs du soutien aux aidants ont tous mis en œuvre, depuis le début de la crise, des mesures renforcées en direction de tous ces Français qui accompagnent un proche (voir notre dossier).
Reste à savoir si ces bouffées d’air seront suffisantes pour pallier les conséquences de deux mois de confinement.
* Hélène Xuan, économiste, codirigeante de la chaire Pour une approche globale et locale de la longévité, Miora Ranaivoarinosy, fondatrice du cabinet de conseil Eunoia, Caroline Mac Naughton, créatrice de l’application MyTeamily, et Mélissa Petit, docteure en sociologie, directrice du bureau d’études Mixing Générations.
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