Bien vieillir (prendre soin de soi)
Reportage : la gym attentive pour renforcer l'équilibre et la mémoire
Une discipline inédite mêlant mouvement et expression artistique
Depuis neuf semaines, Marguerite, Charles, Paul, Cha et une demi-douzaine d’autres seniors se retrouvent tous les vendredis à l’espace Pierre-Souweine du CCAS de Vincennes pour des séances de gym attentive. Une discipline inédite mêlant mouvement et expression artistique, destinée aux personnes à qui la mémoire joue des tours. Reportage.
Ce vendredi 29 novembre, ils sont sept à avoir bravé le froid pour se rendre à leur séance hebdomadaire de gym attentive. C’est le médecin de la consultation mémoire qui les a encouragés à pratiquer cette activité, qui permet de travailler à la fois capacités cognitives et équilibre.
« Ailleurs, les participants peuvent être orientés par l’accueil de jour, l’Ehpad ou le CCAS », précise Mathilde Collin, l’une des animatrices.
Proposée par l’association Apaar (l’art pour autrui un autre regard), elle connaît un succès fou : 31 cycles des 12 séances ont d’ores et déjà été organisés dans l’Essonne et le Val-de-Marne.
L’esprit et le corps
Il faut dire que la séance n’a rien d’une corvée. Durant une heure et demie, les rires fusent. Si l’atelier est physique, il n’empêche pas les participants de papoter et plaisanter.
C’est ce côté convivial qui plaît à Paul. L’ancien cycliste préfère venir aux ateliers et consolider son équilibre plutôt que de rester seul chez lui.
Marguerite, elle, est ravie de faire travailler sa mémoire. Quant à Jacqueline, en tant qu’ancienne gymnaste, elle se réjouit de continuer à pratiquer une activité physique.
Mais la gym attentive ne concerne pas que le corps. La discipline fait appel aux principes de l’activité physique adaptée, dans le but de travailler l’équilibre, mais a aussi comme objectif de renforcer les capacités cognitives.
Une séance se déroule en plusieurs temps. Un temps d’automassage d’abord, qui permet à la fois de s’échauffer et de reprendre conscience de son corps, explique Mathilde Collin.
Viennent ensuite des exercices assis, puis debout, semi-dirigés par les animatrices qui rebondissent sur les remarques lancées par les participants ou les gestes qu’ils effectuent spontanément.
Environnement bienveillant
Après cette première mise en mouvement, place à la danse. Un temps d’expression corporelle libre, sur des musiques dont le style change chaque semaine pour varier les gestes. Et ça fonctionne : dès que les premières notes retentissent, tous se lèvent et se mettent à bouger, seuls ou à plusieurs.
« Une fois que les participants ont compris que l’atelier se déroulait sans jugement, ils se lâchent », sourit la deuxième animatrice, Coraline Laventure-Darival.
Ou, avec les mots de Danielle, « pour une fois qu’on fait ce qu’on veut, il faut en profiter ! ». Y compris aller se rasseoir, faire une pause quand la fatigue se fait sentir. Ici, quels que soient les troubles de la mémoire, chacun est libre de ses décisions.
Mémoire émotionnelle, attention et concentration
Point d’orgue de la séance, la ballade fait voyager les participants, qui entrent tout de suite dans le jeu. Aujourd’hui, ils sont artistes de cirque : ils vont enfiler des chaussures de clown, monter sur le fil de fer, jongler… Le mime est à l’honneur.
« L’exercice s’appuie sur les représentations mentales, les souvenirs et la mémoire du geste. Nous essayons aussi de beaucoup utiliser le vocabulaire de la sensation, de parler d’odeurs, de textures… », indique Mathilde Collin.
La destination de la ballade change chaque semaine. Choisie par les animatrices pour les premières séances, elle est ensuite improvisée à partir des suggestions du groupe.
« Nous faisons attention à choisir un thème qui fait appel au mouvement, qui permet des transferts de poids, des postures unipodales, en équilibre. Nous sommes aussi vigilantes par rapport aux prises de risques. »
L’atelier se termine par une séance calme, en musique, qui aide les participants à se recentrer sur eux et sur les ressentis, pour rentrer chez eux apaisés.
Aujourd’hui, l’association emploie quatre animatrices. Elles seront sept à partir de janvier, pour proposer plus d’ateliers.
Financés par les conférences départementales des financeurs, ils sont gratuits pour les participants.
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