Bien vieillir (prendre soin de soi)
Le fabuleux destin des Baby-Boomers : livre de Michèle Delaunay
Accompagner la révolution de l’âge
La baby-boomeuse Michèle Delaunay, cancérologue, a été élue députée à 60 ans, puis elle a été nommée ministre déléguée aux Personnes âgées et l'Autonomie (et non la "dépendance") entre 2012 et 2014 ans le gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Elle a alors élaboré la loi d'adaptation de la société au vieillissement (ASV). Elle a aussi relancé la Journée nationale des aidants, chaque 6 octobre et lancé la Mobilisation contre l'isolement des plus âgés : Monalisa. Avec le ton direct, léger, mordant qui la caractérise, Michèle Delaunay aborde le difficile sujet du vieillissement teinté des slogans de 68. Centrée sur la révolution de la longévité, elle invite les boomers à penser leur âge, leur participation sociale, jusqu'à leur dernier jour, jusqu'à leur mort.
Inventer la révolution de l'âge
Ministre des Personnes âgées, Michèle Delaunay était malicieusement fière "d'incarner le job" auprès de ses collègues du gouvernement. D'autant qu'elle représentait 20 millions de citoyens, un chiffre en croissance !
Pour elle, la longévité c'est "accepter qu'on ne peut plus être les mêmes tout en restant soi-même". Aux boomers d'inventer la Silver Economie qui leur convient : les produits et services modernes, innovants, porteurs, comme le numérique et Twitter qu'elle affectionne tout particulièrement. Aux boomers d'imaginer les habitats de demain pour vieillir chez soi, dans un domicile ajusté, accueillant.
Aux boomers de battre le pavé vers une "Age Pride" où ils (et elles) seraient fiers de leur âge.
Aux boomers de défendre les droits des citoyens qui avancent en âge : face des situations à risques de maltraitance #GreyToo (p. 247), vers peut-être des droits positifs face à la vulnérabilité (cf. droits de l'enfant).
Sous les pavé l'Ehpad
Ce chapitre donne le ton de la volonté de libertés, d'autonomie attendues par la génération de Michèle Delaunay. S'ils ne sont pas encore dans le grand âge, ils y arrivent.
Après les 30 glorieuses, vivra-t-on les 30 pleureuses ? s'interroge l'auteur. Face à l'âgisme qui dénigre, rabaisse et coûte à la société à force d'attaquer les plus âgés, l'auteur invite déployer des solutions connectées, les anticipations telles que le mandat de protection future, les directives anticipées, la personne de confiance.
Elle milite pour la valorisation des métiers de l'autonomie, où chacun travaille à pieds de "sororité" (j'emploie ce mot en raison de la très grand majorité de personnels féminins, que l'on essaye pourtant de mieux équilibrer), page 291.
Mener la révolution de l'âge jusqu'à la mort
Sans vouloir faire leur bonheur malgré eux (comme dans "Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain"), Michèle Delaunay invite chaque boomer à prendre sa part, à penser son âge, à réfléchir aux solutions en cas de "crépuscule de la raison" (maladies neuro-évolutives), jusqu'à penser sa mort.
Sans lâcher ses projets, ses envies, sans arrêter d'apprendre.
Face à la mort, la médecin, Michèle Delaunay, sait qu'il faut dire sans imposer. Les peurs tournent autour de la grande solitude (23 % des vieux Américains sont des "elder orphans", des orphelins âgés), de la crainte de souffrir, d'être abandonné.
Quand les boomers mourront, les décès se compteront par centaines de milliers par an, rappelle l'auteur. Aux boomers d'inventer là encore de nouveaux rites, de nouvelles funérailles que l'auteur espère un jour laïques, civiles, républicaines (p.341).
Devant cette révolution de l'âge à mener, Michèle Delaunay se réfère à Gabriel Garcia-Marquez "L'acte le plus révolutionnaire, c'est de faire au mieux ce pour quoi on est le moins mal fait" (p.81).
Le fabuleux destin des baby-boomers
Michèle Delaunay
Editions Plon
20 euros - 372 pages