Du nouveau sur le front de l'expérimentation du relayage en Martinique
Suite à l’appel à projets lancé au niveau national par la Direction générale de la cohésion sociale pour faire émerger des dispositifs de répit et de relayage (1) pour les aidants familiaux, deux structures ont été retenues en Martinique.
Cet appel s’inscrivait dans le cadre de l’article 53 de la loi du 10 août 2018 pour un Etat « au service d’une société de confiance, qui permet l’expérimentation de dérogations au droit du travail dans le cadre de la mise en œuvre de prestations de suppléance (ou relayage) à domicile du proche aidant et de séjours de répit aidants-aidés ».
Si cette loi ne résoudra pas le retard structurel de l’offre des SAP (services d’aide à la personne) en Martinique, elle peut faciliter la mise en œuvre de solutions urgentes (2), dans l’un des départements les plus vieillissants de France (lire nos précédents articles sur les dernières données de l’Insee 2016/2018).
La loi permet l’intervention à domicile d’un seul professionnel, plusieurs jours consécutifs (6 jours d’affilée – avec possibilité de rallonger la période de répit avec un autre professionnel – et 94 jours maximum sur l’année), en relais du proche aidant.
Noradom Services, association spécialisée dans l’aide à domicile des personnes âgées, titulaire de l’autorisation délivrée par la CTM basée à Trinité, reconnue également pour ses actions de formation, est l’une des structures retenues (3).
D’après Sylvie Maréchal, directrice de Noradom, structure membre de l'Union régionale des organismes de services à la personne de la Martinique, UROSAP, le projet de relayage présenté vise à créer un outil « sur mesure » adapté au Nord Atlantique (marqué par une forte carence de services) et pourrait soulager une cinquantaine de familles.
La publication de la DGCS devrait faire levier pour l’aide au financement de cette action, déployée sur trois ans et qui implique un volet formation pour les relayeurs ou relayeuses.
En l’absence d’une aide à l’aidant répondant à un statut spécifique, l’APA reste le seul outil de rémunération.
Et c’est là que le bât blesse, le montant de l’allocation pour les personnes âgées en Martinique restant le plus faible de France, malgré la revalorisation de 2017 pour laquelle l’UROSAP a mené bataille : 13 euros de l’heure contre 20 de moyenne, en métropole et même en Guadeloupe.
Comment la CTM (Collectivité territoriale de Martinique) pourrait-elle revaloriser le montant de cette allocation, quand les voyants des finances publiques sont au rouge, régulièrement épinglées par la Cour des Comptes… Il faudra clarifier les modalités d’intervention, de contrôle et de financement, et trouver d’autres soutiens, à travers par exemple des partenariats avec le Québec, terre où est née le « baluchonnage » pour avancer plus vite, notamment sur l’axe formation.
(1) Le baluchonnage est né au Canada en 1999. Cette solution a été « importée » en France depuis septembre 2018, après l’adoption par le Parlement de la loi d’août 2018, faisant suite au rapport Huillier de mars 2017 Du baluchonnage québécois au relayage en France : une solution innovante de répit. C’est donc un tout nouvel outil qui démarre, expérimenté pour 3 ans en France.
(2) D’après une étude menée en 2015 par l’Association française des aidants, intitulée La santé des aidants : un enjeu de santé publique, 70 % des aidants sondés déclarent ne pas s’accorder de temps pour les loisirs.
(3) Elle n’est pas la seule à miser sur l’avenir du « relayage ». Les ailes des anges, association agréée de service à la personne créée en janvier 2013 intervenant sur le territoire de la CACEM (Communauté d’agglomération du Centre Martinique), proposent un service de « baluchonnage » et de « bulle d’air » nocturne pour les familles.