Avis du CCNE : Pour une société inclusive, aidante, qui repense l'accueil des personnes âgées fragilisées
Avis sévère du CCNE, manifeste pour une société bienveillante
Dans un avis d'une rare sévérité, le Conseil Consultatif National d'Ethique reproche à notre société de ne toujours pas s'adapter à son vieillissement, pourtant bien installé. Il demande des mesures rapides pour une société inclusive en échos avec le manifeste pour une société bienveillante porté par des personnes malades et des chercheurs en Sciences humaines et sociales.
Inventer de nouveaux accueils pour les plus âgés fragilisés.
Sur 63 pages détaillées, argumentées, mais sans donner la parole aux professionnels des établissements d'accueil, le CCNE invite le gouvernement, les pouvoirs publics à repenser la place des retraités, le regard que l'on porte sur les plus âgés fragilisés, le soutien aux proches aidants, les solutions d'aides et d'accueil et enfin les financements suffisants (5eme risque de sécurité sociale) pour solvabiliser ces services qui créeront des emplois.
Ghettoïsation, concentration des plus fragilisés, contre leur consentement, dans des Ehpad (Etablissements pour personnes âgées dépendantes) trop chers face aux revenus des retraités... le CCNE ne mâche pas ses mots (au grand dam des professionnels de ces lieux).
Il pointe l'impensé du très grand âge et la logique inter-ministérielle des enjeux du vieillissement (justice/tutelle, santé, social, recherche, logement, culture...).
Le CCNE invite à réviser la logique d'institutionnalisation (en échos avec les travaux actuels de la CNSA qui pilote le jour férié). Il veut s'appuyer sur des professionnels mieux formés à la relation, travaillant en interdisciplinarité autour de ces situations complexes, singulières, en support des proches aidants.
Il invite à réserver des logements-Ehpad dans les programmes sociaux.
Catherine Ollivet interrogée par le CCNE et présidente de l'Espace Ethique Ile de France regrette les termes employés et les conotations associées au sein de cet avis du CCNE. "Il faut réfléchir aux réponses en fonction des générations de retraités (les 60/80 ans, 80/100 ans, 100 et plus, n'ont pas forcément les même choses à se dire), les réponses aux atteintes physiques ou psychiques (troubles du comportements), sans confondre vieillissement et maladie !".
Ce pour "vivre le plus simplement possible"
Y compris avec une maladie neuro-dégénérative insiste les 12 signataires du Manifeste pour une société bienveillante, issus du PNMD (Plan maladies neuro-dégénératives 2014-2019) et porté par le réseau éthique national Alzheimer et maladie neuro-évolutives.
Une société où les personnes fragilisées sont des citoyens comme les autres avec leurs droits et leurs devoirs, avec leurs forces pour continuer de prendre leur vie en main et de participer à la vie de la cité.
Ces deux avis interrogent le sentiment d'utilité sur fond d'un âgisme individuel et collectif, qu'ils nous invitent à repérer pour le dépasser.