Comprendre les fragilités
Etre aidant en 2030
Futurologie
Au Congrès national 2017 des unité de soins Alzheimer, les 13 et 14 décembre dernier à Issy-les-Moulineaux, le professeur de gériatrie Joël Belmin s'est lancé dans un exercice de futurologie : comment vivrons-nous, vieillirons-nous, aiderons-nous en 2030 ?
Démographie : révolution de la longévité
En 2030 l'espérance de vie pourrait continuer d'augmenter à 82 ans pour les hommes et 87 ans pour les femmes. Selon le Conseil d'Analyse Economique (CAE), la France pourrait compter 20 millions de personnes de plus de 60 ans, pour 32 millions de 20-59 ans et 15 millions de moins de 20 ans.
Des femmes qui travaillent, des aidants éloignés mais impliqués, en lien avec leurs proches, avec les professionnels qui prennent soin d'eux.
Des maladies vaincues, d'autres en progression
Pour le Pr Belmin, la maladie d'Alzheimer pourrait être circonscrite et "vaincue" en 2030 avec des diagnostics précoces et des traitements appropriés. En revanche, il table sur une explosion d'autres maladies neuro-dégénératives liées aux pollutions, aux modes de vie sédentaires, à l'alimentation. Des pathologies cancéreuses devraient augmenter mais leurs traitements plus ciblés, plus personnalisés devraient être moins agressifs.
Des aidants plus masculins, plus connectés
Le Pr Belmin imagine que les futurs aidants seront autant des conjoints, fils, petits-fils, amis que des épouses, filles, petites-filles, amies. Connectés, ils seront à même de piloter un habitat intelligent, augmenté de détecteurs en tout genre, de matériels invitant à des activités adaptées pour éviter les chutes, favoriser le lien social, une alimentation adaptée. Les proches aidants seront accompagnés, formés, soutenus par des applications en ligne (Le Pr Belmin a conçu le support de cours en ligne : Mooc Maladie d'Alzheimer).
Télé-gérontologue
Les aînés fragilisés, leurs proches aidants seront en lien avec un télé-gérontologue, super référent professionnel, chef d'orchestre des interventions, des aides techniques autour du proche âgé fragilisé. Il pilotera les drones porteurs de médicaments, de repas, de matériels pour la vie quotidienne. Alerté par les capteurs, il interagira avec les professionnels, les proches, les bénévoles (les co-voitureurs) et aussi les robots humanoïdes, sociaux, médiateurs, soutiens des envies, jusqu'au bout de la vie.
Les établissements en crise
Les EHPAD (établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) seront en crise car les seniors fragilisés vivront chez eux dans des habitats adaptés, connectés, robotisés. Les services de soin gériatriques seront dédiés aux situations de crise, aigues avec peu de lits "longs séjours".
Le lien robotisé ?
Les professionnels du congrès ont réagi à cette vision en interrogeant le lien humain, le lien social, qui semblera difficile à confier à des machines.
Le besoin de contacts, de sensations, mais aussi de sens se renforce dans l'accompagnement de ces pathologies neuro-dégénératives complexes et sensibles.
L'environnement jouera un rôle important pour bien vieillir dans des villes amies des aînés (VADA), adaptées (ou non).
Voir les lauréats 2017 du Réseau Francophone VADA.
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