Comprendre les fragilités
Art, culture et Alzheimer : visite au Palais de Tokyo
Depuis l’an dernier, France Alzheimer propose des visites des grands musées parisiens à des binômes aidants/aidés suivis d’un atelier artistique. Vendredi, trois couples, deux bénévoles, une art-thérapeute et deux médiateurs culturels se sont retrouvés au Palais de Tokyo (Paris) pour une découverte de Days are dogs, une carte blanche à Camille Henrot. Reportage.
Pour Raymond, l’émotion est grande. « Le musée a été construit quand j’avais 10 ans. Tous les jours, je venais de la Motte-Picquet pour regarder le chantier », confie l’homme aujourd’hui âgé de 90 ans, enchanté de retourner dans ce haut-lieu de son enfance. « Même si », regrette-t-il, « ils n’auraient pas dû raser les anciens bâtiments. »
Daniel et Dominique n’en sont pas à leur première visite. L’an dernier, ils avaient suivi le cycle organisé aux Archives nationales. Ravis, ils ont re signé pour une deuxième saison.
Depuis que sa femme est malade, Etienne ne peut plus vraiment assouvir sa passion pour l’art contemporain. Avant, il lisait assidument la presse spécialisée, faisait partie d’une association qui organisait des visites de galeries… « Mais aujourd’hui, je n’ai plus le temps », regrette-t-il.
Ce vendredi, il est ravi de participer à cette visite avec son épouse Monique, accompagné par un médiateur. « C’est difficile l’art contemporain, soit trop haut, soit trop bas ».
C’est Agamemnon Michailidis qui accompagne le groupe. Médiateur au Palais de Tokyo, il a été sensibilisé par France Alzheimer à la maladie. Ce qui ne l’a pas empêché d’appréhender un peu les premières visites en 2016. « Mais tout s’est toujours très bien passé », sourit-il.
« C’est un médiateur exceptionnel », renchérit Brigitte Huon, bénévole à l’association et habituée de ces visites.
Après un café dans une salle dédiée et une rapide présentation de l’exposition, le groupe se met en marche.
Agamemnon Michailidis, accompagné de Luca Avanzini, l’un de ses collègues, a choisi de présenter six œuvres de Camille Henrot. La carte blanche dédiée à la jeune artiste vient juste d’ouvrir, deux jours avant : pour tous, c’est une première.
Le groupe s’arrête devant une première toile, un ours polaire qui en dévore un autre. Très vite, les remarques, les questions fusent.
Monique, très discrète depuis son arrivée, prend souvent la parole, observe, commente. Le médiateur accueille la parole de chacun, sollicite le groupe dans son ensemble mais laisse à ceux qui le souhaitent l’opportunité de profiter de l’exposition en silence.
Chaque couple, chaque visiteur vit la visite à sa manière, en commentant ou non, ensemble ou séparément : les bénévoles de France Alzheimer, Brigitte Huon et Ségolène Bernier, sont là pour s’assurer que chacun soit aussi libre que possible, accompagner si besoin les visiteurs malades pour que leur aidant prenne le temps.
Après un deuxième arrêt sous une grande verrière pour admirer et commenter de grandes fresques, retour au point de départ.
Au tour de Lisa Delangle de prendre le groupe en main. L’art-thérapeute propose un atelier sur le thème de la fresque : les participants peindront sur des feuilles accrochées au mur.
Difficile pour Raymond, qui se déplace en fauteuil roulant. Avec Jackie, il s’installe à table et entreprennent de peindre à quatre mains.
Au mur, Etienne révèle ses talents de calligraphe, une autre activité à laquelle il a dû renoncer, faute de temps.
Monique a choisi de retracer la visite sous forme symbolique.
Quant à Daniel, il se lance avec des gestes maîtrisés dans la création d’une œuvre douce et sensible. « Je ne peins plus beaucoup. Beaucoup moins qu’avant. J’ai de vieux restes », commente-t-il en haussant les épaules.
Chacun présente en quelques mots son œuvre avant de repartir. Certains resteront au Palais de Tokyo pour découvrir le reste de l’exposition. Mais tous auront vécu, comme le déclare Monique au moment de se quitter, « un vrai moment de plaisir ».
En savoir plus : programme Art, culture et Alzheimer de France Alzheimer
Oeuvres de Camille Henrot : ©ADAGP, 2017
Photographies : ©Raphaëlle Murignieux pour Agevillage
Pour Raymond, l’émotion est grande. « Le musée a été construit quand j’avais 10 ans. Tous les jours, je venais de la Motte-Picquet pour regarder le chantier », confie l’homme aujourd’hui âgé de 90 ans, enchanté de retourner dans ce haut-lieu de son enfance. « Même si », regrette-t-il, « ils n’auraient pas dû raser les anciens bâtiments. »
Daniel et Dominique n’en sont pas à leur première visite. L’an dernier, ils avaient suivi le cycle organisé aux Archives nationales. Ravis, ils ont re signé pour une deuxième saison.
Depuis que sa femme est malade, Etienne ne peut plus vraiment assouvir sa passion pour l’art contemporain. Avant, il lisait assidument la presse spécialisée, faisait partie d’une association qui organisait des visites de galeries… « Mais aujourd’hui, je n’ai plus le temps », regrette-t-il.
Ce vendredi, il est ravi de participer à cette visite avec son épouse Monique, accompagné par un médiateur. « C’est difficile l’art contemporain, soit trop haut, soit trop bas ».
Médiation culturelle et sensibilisation
C’est Agamemnon Michailidis qui accompagne le groupe. Médiateur au Palais de Tokyo, il a été sensibilisé par France Alzheimer à la maladie. Ce qui ne l’a pas empêché d’appréhender un peu les premières visites en 2016. « Mais tout s’est toujours très bien passé », sourit-il.
« C’est un médiateur exceptionnel », renchérit Brigitte Huon, bénévole à l’association et habituée de ces visites.
Après un café dans une salle dédiée et une rapide présentation de l’exposition, le groupe se met en marche.
Agamemnon Michailidis, accompagné de Luca Avanzini, l’un de ses collègues, a choisi de présenter six œuvres de Camille Henrot. La carte blanche dédiée à la jeune artiste vient juste d’ouvrir, deux jours avant : pour tous, c’est une première.
Le groupe s’arrête devant une première toile, un ours polaire qui en dévore un autre. Très vite, les remarques, les questions fusent.
Monique, très discrète depuis son arrivée, prend souvent la parole, observe, commente. Le médiateur accueille la parole de chacun, sollicite le groupe dans son ensemble mais laisse à ceux qui le souhaitent l’opportunité de profiter de l’exposition en silence.
Chaque couple, chaque visiteur vit la visite à sa manière, en commentant ou non, ensemble ou séparément : les bénévoles de France Alzheimer, Brigitte Huon et Ségolène Bernier, sont là pour s’assurer que chacun soit aussi libre que possible, accompagner si besoin les visiteurs malades pour que leur aidant prenne le temps.
Après un deuxième arrêt sous une grande verrière pour admirer et commenter de grandes fresques, retour au point de départ.
« Moment de plaisir »
Au tour de Lisa Delangle de prendre le groupe en main. L’art-thérapeute propose un atelier sur le thème de la fresque : les participants peindront sur des feuilles accrochées au mur.
Difficile pour Raymond, qui se déplace en fauteuil roulant. Avec Jackie, il s’installe à table et entreprennent de peindre à quatre mains.
Au mur, Etienne révèle ses talents de calligraphe, une autre activité à laquelle il a dû renoncer, faute de temps.
Monique a choisi de retracer la visite sous forme symbolique.
Quant à Daniel, il se lance avec des gestes maîtrisés dans la création d’une œuvre douce et sensible. « Je ne peins plus beaucoup. Beaucoup moins qu’avant. J’ai de vieux restes », commente-t-il en haussant les épaules.
Chacun présente en quelques mots son œuvre avant de repartir. Certains resteront au Palais de Tokyo pour découvrir le reste de l’exposition. Mais tous auront vécu, comme le déclare Monique au moment de se quitter, « un vrai moment de plaisir ».
En savoir plus : programme Art, culture et Alzheimer de France Alzheimer
Oeuvres de Camille Henrot : ©ADAGP, 2017
Photographies : ©Raphaëlle Murignieux pour Agevillage
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