Etre aidant, être aidé
Reportage : une après-midi à la halte-répit détente Alzheimer de Sartrouville
Échanges, jeux et tournées de bises : un moment convivial pour les malades, un temps de répit pour leurs aidants
Arlette, Irène, Virgile, Claude, Gisèle, Marthe… Depuis septembre, ils se retrouvent avec bonheur tous les mardis, pour papoter autour d’une tasse de thé, échanger sur l’actualité ou jouer une partie de scrabble endiablée. Des activités que pourraient partager n’importe quel groupe d’amis. Sauf qu’eux sont tous atteints de troubles cognitifs. Eux, ce sont les participants de la halte répit-détente Alzheimer de la Croix-Rouge à Sartrouville (78), qui a ouvert ses portes en septembre 2015. Reportage.
Les haltes répit-détente Alzheimer (HRDA) de la Croix-Rouge française sont nées en 2006. Parmi les 27 actuellement en activité, Sartrouville, qui accueille tous les mardis après-midi un groupe de huit personnes âgées souffrant de troubles cognitifs au sein d’un Ehpad géré par l’association. Un local leur est réservé.
L’idée ? « Avant tout, permettre à ces personnes de passer un bon moment ensemble », indique Christine Boivin, la bénévole en charge du dispositif. Ces rencontres régulières les aident à la fois à tisser et maintenir des liens sociaux – certains des participants ne sortent jamais de chez eux –, mais offre aussi un temps de répit régulier à leurs aidants.
Les après-midis se déroulent toujours de la même manière. D’abord, tous assis en cercle, participants et bénévoles se donnent des nouvelles, échangent sur l’actualité. La semaine dernière, tous les regards étaient tournés vers l’Euro 2016. Une manière, aussi, de stimuler le vocabulaire des accueillis.
Ensuite, place aux jeux, aux activités en petits groupes. Certains choisissent des jeux de société, d’autres s’installent face à des puzzles. Marthe et Irène décident de mettre la main à la pâte : aujourd’hui, ce sont elles qui prépareront des gâteaux aux pommes pour le goûter.
A chaque fois, un bénévole les accompagne. « Nous avons de la chance ici », se félicite Christine Boivin, « avec un bénévole pour chaque personne accueillie. Nous veillons à ce que les participants se sentent bien, qu’ils ne subissent pas de coup de barre, et ne soient pas mis en échec. »
Si une activité devient trop compliquée pour l’un d’entre eux, les bénévoles lui proposent de passer à autre chose.
Un engagement qui fait sens
Tous ont été formés par Christine Boivin, et sont enthousiastes de
trouver un sens à leur engagement. Marie-Françoise, en arrêt maladie de
longue durée, a rejoint l’équipe par envie de rendre ce qu’on lui avait
donné quand elle était malade, mais aussi, tout simplement, de donner un
peu de tendresse à ces personnes âgées souvent isolées.
« Ici on ne s’ennuie pas », sourit la bénévole. « Il faut constamment s’adapter à chacun, à leur état qui se dégrade parfois, avec nos propres fragilités. »
Et
ça fonctionne : les sourires qui se lisent sur les visages des
bénévoles et des personnes accueillies parlent d’eux-mêmes. « Je suis
contente de vous voir », entend-on en début de rencontre. Et quand vient
l’heure de partir, après le goûter pris autour d’une grande tablée, les
commentaires ravis fusent. « C’était formidable », s’exclame Marthe,
après une ou deux tournées de bises.
« Ils ne se souviennent pas toujours des prénoms des uns et des autres », explique Christine Boivin, « mais la mémoire émotionnelle fonctionne : ils savent qu’ils sont avec des personnes avec qui ils se sentent bien. »
L’équipe a pour projet d’accueillir un deuxième groupe le jeudi après-midi à partir de la rentrée.
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