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Bien vieillir (prendre soin de soi)

Mon médicament ou rien

Auteur Rédaction

Temps de lecture 2 min

Date de publication 12/06/2016

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Oser remettre en question ses médicaments

Annie de VivieOn le sait, la iatrogénie médicamenteuse fait des ravages, notamment chez les plus âgés avec des risques de chutes, d'accidents domestiques, routiers, des risques d'intoxication, de décompensations, de dénutrition, qui mènent droit aux urgences... saturées. Voir le rapport du septuagénaire Guy Armantier qui pointe "ces milliers de décès et de nombreuses souffrances qui pourraient être évités et qui sont tolérés dans ce qui apparait bien comme la plus grande indifférence. Mais indifférence coupable".

Les plus âgés sont parmi les plus grands consommateurs de médicaments. Certes ils vivent avec plusieurs pathologies mais que se passe-t-il quand on ingère plus de trois molécules par jour ? Les médicaments ne sont pas testés auprès des personnes âgées, fragilisés, et poly-médicamentées.

Pour les maladies neurodégénératives comme Alzheimer, les voix de professeurs de médecine s'élèvent depuis plusieurs années contre ces traitements peu efficaces et coûteux. La polémique enfle autour du coût des traitements (articles dans le Monde diplomatique, campagne de Médecins du monde). Les laboratoires et entreprises du médicaments argumentent par le coût des recherches et de mises sur le marché.

On sait qu'il n'est pas facile de se défaire d'un traitement. Pas facile de sortir de l'idée que la santé passe par les soins (voir le livre cette semaine "Trop soigner rend malade").

France Alzheimer rappelle que ce sont les traitements, même peu efficaces, même avec des effets secondaires, qui ont donné un statut à la maladie, aux personnes malades. Sans eux, à quoi bon se faire diagnostiquer ? Les personnes malades et leurs proches risquent de ne pas aller dans les centres spécialisés où ils seront orientés vers des réponses médicamenteuses et non médicamenteuses : aides financières pour vivre avec la maladie, adapter son logement, faire appel aux services d'aide et de soins à domicile, aux accueils de jour, aux séjours temporaires, aux offres de répit pour les aidants... sans oublier une bonne alimentation, une bonne hygiène de vie et le recours à des approches comme l'activité physique adaptée, les activités quotidiennes qui vous font vous sentir utile, l'art-thérapie, la musicothérapie, la relaxation (yoga, méditations, sophrologie...). Voir le clip 5 principes pour préserver ses fonctions cognitives.

Les approches alternatives ne sont pas assez connues et valorisées. Seul le médicament reste "la" solution.

"Quand on ne sait pas comment traiter un problème social (comme la vieillesse) on le médicalise" constate l'ancienne ministre Paulette Guinchard, qui a été à l'origine de l'APA (allocation personnalisée d'autonomie).

Pas facile d'oser arrêter même progressivement un traitement que l'on prend depuis longtemps.
Combien de patients sont prêts à changer de médecin si celui-ci remet en question un vieux médicament ?

Pas facile de ne pas voir dans les médicaments des miracles universels anti-maladies, anti-douleur, anti-souffrance... ce qu'ils sont aussi.

Alors que "les antibiotiques ne sont plus automatiques" selon les campagnes de communication de la Sécurité sociale, à quand une campagne pour savoir arrêter ces "produits pas comme les autres" ? Leurs principes sont "actifs" donc aussi "dangereux" selon leur mésusage.

Plutôt que de vous satisfaire d'un renouvellement automatique de votre ordonnance, osez la remettre en question, en constituant votre dossier médical personnel et en le partageant avec les différents médecins qui vous suivent.

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