Citoyens jusqu'au bout en maison de retraite
Reportage à Aalbeke, Belgique
De l’extérieur, rien n’indique que nous arrivons dans un Ehpad. Le vaste bâtiment moderne aux larges baies vitrées ne porte qu’une plaque indiquant son nom, « De Weister » (la marge de manœuvre en français).
D’ailleurs, l’entrée se fait par l’espace bar, où tout un chacun (résidents, visiteurs, habitants) peut venir siroter une bière ou un café.
« Nous souhaitions réintégrer les personnes malades au sein de la communauté locale », explique Jan Goddaer, le directeur de l’établissement. « La notion de citoyenneté est essentielle pour nous. »
Préserver le lien avec l’ensemble des habitants
Une volonté d’ouverture vers l’extérieur qui s’est traduite, en avril 2014, par la création des promenades Mémoire vivante.« Il s’agissait de rassembler autour d’un intérêt commun, la marche », précise Jan Goddaer. En concertation avec les partenaires locaux, quatre parcours longs de 4 à 5 kilomètres sont définis et identifiés par des panneaux de couleurs.
Ils permettent de partir à la découverte du village, mais surtout sont accessibles à tous : les habitants d’Aalbeke, qu’ils soient atteints de troubles cognitifs ou non, les personnes en fauteuil roulant, les enfants, les touristes, les poussettes…
Tous démarrent devant la maison de retraite, afin de favoriser la rencontre entre résidents et visiteurs. Régulièrement, l’établissement organise d’ailleurs des marches avec des écoliers ou des lycéens, avec l’objectif de balayer les préjugés sur la maladie.
En mai 2015, un nouvel équipement est inauguré. Le jardin du mouvement propose des installations adaptées – instruments de musique, parcours sensoriels, vélo assis… - pour pouvoir être, encore une fois, utilisé par tous ceux qui le souhaitent. Il est installé juste à côté de l’établissement.
Respecter les envies de chacun
Un établissement à l’intérieur duquel les résidents conservent leur citoyenneté. Ils participent à l’élaboration des menus, cuisinent s’ils en ont envie. Leurs chambres sont dotées de sonnettes et d’interphones, pour qu’ils soient libres d’ouvrir à qui ils le souhaitent.
Ils peuvent venir avec leur animal de compagnie, disposent d’un frigo dans leur chambre, ont accès au garde-manger commun. « Nous essayons de vivre ici comme à la maison », souligne Jan Goddaer.
Le prix du séjour dans cet établissement modèle ? 1800 euros par mois, auxquels il faut ajouter le coût des médicaments. « Mais nous avons pour but de recourir le moins possible aux traitements médicamenteux », indique le directeur.
Les habitants de la commune ont participé à la décoration
de l'établissement en donnant leurs meubles