Le syndrome de glissement en questions
Jadis qualifiée de « mort de vieillesse », la fin de la vie sans cause apparente est aujourd’hui souvent attribuée au « syndrome de glissement ». Que recouvrent ces termes ? Quelles en sont les causes ? Sont-ils toujours utilisés à bon escient ? Eléments de réponse.
En quoi consiste le syndrome de glissement ?
Selon sa définition française, il s’agit d’une altération de l’état général majeure avec déshydratation, dénutrition ainsi que les troubles biologiques et somatiques en rapport (rétention urinaire, constipation majeures).
Pour faire simple, la personne refuse de se lever, de s’alimenter, de boire, de communiquer. Si elle en a encore la volonté et les capacités, elle demande qu’on la laisse tranquille.
Quand survient-il ?
Pour Bazin(1), il apparaît typiquement chez un sujet âgé, voire très âgé, aux antécédents médicaux chargés et dont l’état somatique déjà précaire a été fragilisé récemment par un épisode somatique aigu dont il se remet à peine.
Pour Weimann et Pellerin(2), il survient dans les suites d’une maladie en voie de guérison ou d’un événement perturbant.
Quelles en sont les causes ?
Elles restent encore à déterminer. Défaillance du corps ? Etat dépressif ? Ou « lâcher-prise » de patients las de vivre ?
Pour Brossard et Caron(3) il s’agirait en effet d’une « mort souhaitée et qui semble être agie par le résident ».
Ou bien chacune de ces situations serait-elle possiblement en cause, isolément ou simultanément ? La médecine n’a pas toujours la réponse.
Des mots à manier avec précaution
Derrière ces mots se cache parfois l’incapacité des soignants à établir un diagnostic précis.
Récemment, le syndrome de glissement a perdu de sa vigueur. Il est souvent remplacé par de nouveaux termes à la mode, ceux de « fin de vie »(4).
Mais mieux vaudrait ne pas utiliser de dénomination que de se fourvoyer dans un diagnostic sans signification ou dans un pronostic incertain.
Après tout, chez un patient chez qui il n’est plus raisonnable de proposer des investigations approfondies, on peut légitiment parvenir à des hypothèses, non à des certitudes.
Si la médecine était un art et une science faciles, cela se saurait…
Références :
(1) Bazin N. Le syndrome de glissement. La Revue de Gériatrie, Tome 27, N°5. MAI 2002.
(2) Weimann Péru N, Pellerin J. Le syndrome de glissement : description clinique, modèles psychopathologiques, éléments de prise en charge. Encephale. 2010 Jun;36 Suppl 2:D1-6.
(3) Brossard F, Caron R. Expressions et mise en acte du désir de mort chez le sujet très âgé : enjeux psychiques et éthiques. Vol 15 - N° 87, P. 178-183 - juin 2015
(4) Pradines B, Pradines-Rouzeirol V, Poli P. Fin de vie en soins de longue durée. Vol 9 - N° 49, P. 32-41 - février 2009