Etre aidant, être aidé
La santé des aidants
Et vous, comment allez-vous ?
On le voit notamment au moment de crises comme les épidémies de grippe et gastro-entérite : la santé des aidants est cruciale pour l'accompagnement des personnes fragilisées.
La santé de ces proches aidants est un sujet souvent abordé "entre experts", lors des conférences, d'ateliers, de cafés des aidants. Mais cette réalité n'a pas encore trouvé de traduction concrète comme une consultation dédiée à la santé des aidants (au grand dam de l'Association Française des Aidants notamment).
"Et vous, comment allez-vous ?"
Lors de la dernière journée nationale des aidants, la ministre Laurence Rossignol, chargée de la famille, de l'enfance, des personnes âgées et de l'autonomie, avait suggéré que chaque médecin généraliste qui prend soin d'une personne fragilisée, malade, n'oublie pas de se retourner vers le proche aidant pour lui demander comme il allait, lui.
Le proche aidant prend souvent très bien soin de la santé de la personne aidée mais moins de la sienne. Faute de temps, face aux urgences, coincé entre sa vie professionnelle/personnelle/familiale, le proche aidant s'oublie. Il va jusque négliger ses rendez-vous médicaux, ses rappels de vaccins. Il passe après son proche aidé, quitte à moins bien manger, moins dormir, moins se soigner, moins sortir, s'aérer, et aussi vaquer à ses occupations (ressourçantes).
Or si l'aidant tombe malade... l'accompagnement à domicile de la personne fragilisée vacille.
La santé du proche aidant relève bien sûr de son médecin généraliste, mais 3 aidants sur 4 reconnaissent ne plus aller voir leur médecin généraliste aussi souvent qu’ils le devraient (selon le site "La maison des aidants").
Pourtant près d'un aidant sur deux vit avec une maladie chronique, près d'un sur trois se sent anxieux et stressé, un quart déclare ressentir une fatigue physique et morale. Le site des aidants aide à repérer les signes d'épuisement. Sans compter le taux de mortalité qui double quasiment si l'on est aidant, selon l'HAS, notamment quand on accompagne une personne atteinte d'une pathologie neuro-dégénérative (voir la campagne de sensibilisation de France Alzheimer cette semaine).
Des initiatives se déploient partout en France pour la santé des aidants : dépliants, fiches conseils téléchargeables, DVD explicatifs sur la maladie du proche aidé (cf. Alzheimer), ateliers divers (comme cette semaine la musicothérapie dans le Gard). Ils sont organisés par les associations, les collectivités locales, les mutuelles, les caisses de retraite complémentaires... N'hésitez pas à contacter leurs services d'action sociale.
Agevillage recense ces initiatives dans ses agendas en ligne pour faire connaitre l'information partout en France. L'aidant vit en moyenne à plus de 200 km de son proche aidé. Aussi, n'hésitez pas à nous écrire pour que nous transmettions l'information : webmaster@agevillage.com.
Des solutions de répit vont se renforcer avec la mise en oeuvre de la loi d'adaptation de la société au vieillissement. Accueils de jour, temporaires, de nuit, appels aux aidants de proximité, professionnels ou non (voir la Compagnie des aidants), équipes citoyennes bénévoles, services téléphoniques d'appui... vont permettre de souffler, de se soigner, de se ressourcer, régulièrement. Nous sommes dans l'attente des textes qui vont définir le "forfait répit" d'environ 500 euros/an pour les situations les plus complexes. Tout l'enjeu reste le coût de ces services. Avec des départements qui menacent de ne plus financer les prestations d'aide sociale (APA, établissements et services médico-sociaux).
A chacun d'être vigilant et de proposer au proche aidant de se préoccuper de sa santé (ne pas sauter ses bilans de santé, surveiller son hygiène de vie, son sommeil, son stress), mais aussi de sa retraite.
Sans lui, point d'accompagnement dans le temps.
La santé de l'aidant : un enjeu individuel et collectif !