Etre aidant, être aidé
Loi ASV, grande oubliée des médias
Réflexes âgistes
Qu'il est difficile de parler "vieillissement". La loi d'adaptation de la société au vieillissement, en débat au Sénat, ne passionne pas les plateaux TV.
D'un côté le mot fait peur, il renvoie toujours une image encore très négative, notamment quand le vieillissement est associé aux pathologies invalidantes, neuro-dégénératives (ou neuro-évolutives). L'âgisme nous guette tous. Le vieux : c'est l'autre.
De l'autre, on veut croire en la "Silver Economie" triomphante. On valorise ces seniors au pouvoir d'achat enviable. On fait la promesse de centaines de milliers d'emplois dans les services. A juste titre au vu de l'évolution démographique. Et puis la vieillesse n'est pas une maladie !
La loi d'adaptation de la société au vieillissement (ASV) nous concerne tous. Elle devrait nous interpeler, nous passionner.
Elle mise sur la prévention, le "bien-vieillir" : elle va favoriser les coopérations entre les acteurs territoriaux avec des conférences départementales des financeurs pour mutualiser les crédits, les actions.
Elle va renforcer l'accès aux aides techniques pour adapter le logement, aider à diversifier l'offre d'habitats dits intermédiaires entre le domicile et la maison de retraite médicalisée.
Elle va aussi renforcer la recherche du consentement pour l'entrée en établissement d'accueil.
Elle va légèrement améliorer l'APA à domicile (Allocation personnalisée d'aide à l'autonomie), favoriser la lisibilité des services d'aide (régime d'autorisation unique) et le rapprochement entre les services d'aides et de soin à domicile (Spasad).
Elle va créer un droit au répit pour les aidants soumis aux situations d'aides les plus difficiles (500 euros/an pour 200 000 cas environ).
Cette loi d'ambition sociétale sort le vieillissement des seules politiques de santé et d'action sociale pour les ouvrir aux politiques d'urbanisme, de logement (voir les lauréats du Prix HLM Partenaire des âgés dont je suis membre du jury).
Elle valorise le vieillissement comme source d'innovations, de nouveaux services, de nouvelles dynamiques territoriales.
Mais vieillir s'accompagne aussi de situations de fragilités, de handicaps, de maladies.
Et là le courage politique fait défaut, quel que soit le gouvernement.
On regarde ailleurs.
On maintient une barrière d'âge discriminatoire entre les personnes handicapées de plus ou moins 60 ans. On ne veut pas voir les restes à charge qui pèsent sur les personnes fragilisés (et leur proches) pour compenser les besoins d'aides tant à domicile qu'en établissement.
Or l'urgence est déjà là : des services d'aides à domicile sont en redressement judiciaire, les aidants se sont pas suffisamment reconnus, soutenus, les professionnels s'épuisent.
Voir la Tribune de Sylvain Denis du CNRPA (comité national des retraités et personnes âgées) qui alerte sur un risque de nouveau détournement de la CASA qui sert à financer la loi ASV (Casa pour Contribution Additionnelle de Solidarité pour l'Autonomie).
Qu'il est difficile de défendre les enjeux du vieillissement.
Mais ne baissons pas les bras. Les personnes âgées fragilisées ont besoin de notre énergie.
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