Trouver son lieu de vie
La bataille du rail en maison de retraite, en EHPAD
Une nouvelle évolution secoue les appels à projet des futures maisons de retraite ou Etablissements pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) : la bataille du rail !
De nombreuses agences régionales de santé (ARS) exigent des appels à projets qu'ils prévoient des rails vissés aux plafonds des chambres. Sans rails, pas d'aides financières !
A quoi servent ces rails ? A verticaliser les patients et à faciliter leur transfert (du lit au fauteuil, voire à la salle de bain).
Cette "innovation technique" part d'un "bon sentiment" (comme souvent) : soulager les professionnels dans la manutention de résidents lourdement handicapés, améliorer les conditions de travail... et aussi entrer dans l'ère de la Silver Economie.
Mais qui a mesuré le nombre réel de ces futurs résidents toujours couchés ? Ces rails pour grabataires permanents sont-ils justifiés par une quelconque statistique ? N'auront-ils pas pour fonction de réduire les personnes âgées à des charges qui ont trouvé leur monte-charge ?
On sait que verticaliser une personne 20 minutes par jour réduit la grabatisation. Pourquoi ne pas miser sur des levers réguliers soutenus par une main amicale ? Pourquoi cette vision ultra-pessimiste de la perte d'autonomie ? (Pour mémoire, les résidents, hommes et femmes faut-il le rappeler, vieillissent "debout jusqu'au bout" dans les établissements labélisés Humanitude).
Sait-on par ailleurs, que de nombreuses techniques de manutentions douces évitent l'utilisation des lève-personnes ? Certes elles exigent un personnel formé et compétent en nombre suffisant...
Car ces rails aux plafonds n'ont-ils pas pour seule et unique fonction de justifier la réduction de personnel au contact des résidents ?
Demain verrons-nous sortir de terre des EHPAD "sans personnels", contrôlés à distance par des robots leveurs-transporteurs-laveurs ? Va-t-on créer de nouveaux métiers :"aiguilleurs" en maison de retraite ?
Mieux vaut en rire, mais qui va empêcher les maisons de retraite de dérailler ? De se déshumaniser ?
Et sait-on que plus les rails sont visibles et ostentatoires, plus ils inciteront les soignants à les utiliser, même sans raisons valables. Au risque de grabatiser encore plus les résidents et d'élargir le cercle vicieux des problèmes de peau, d'escarres, d'encombrements pulmonaires, d'infections urinaires, de constipations... consommateurs de soins, de médicaments, d'hospitalisations.
Sans parler des souffrances (en mémoire émotionnelle notamment), des inconforts, des pertes de chance et de qualité de vie tant du côté des résidents et de leurs proches que des professionnels qui prennent soin d'eux.
Excès de précaution, surprotection, abus de pouvoir (cf. le livre "Vieillir en huis clos"), risques pas si assurables que ça (Cf étude d'un assureur) ? En tous cas, la "bataille du rail" en maison de retraite est engagée.
Qui se lèvera pour défendre l'intérêt des plus âgés malades et vulnérables ?