Comment accompagner au mieux l'entrée en maison de retraite de son parent âgé ? Deuxième partie : le choix
Nous avons déjà eu l’occasion de dire que le choix de l’établissement n’en est pas souvent un. En effet, des impératifs concrets imposent une attitude qui laisse peu de place à une longue réflexion.
Les situations sont fort différentes selon la présence ou l’absence de consentement de l’intéressé(e) ; encore faut-il constater plus souvent une résignation qu’une véritable acceptation. Ainsi « tu verras, tu seras bien » chanté par le poète est-il plutôt une consolation pour celui qui prononce ces mots.
Du fait du retard pris à renoncer au maintien à domicile, le temps manque souvent à l’entourage pour se faire une idée précise des résidences possibles.
Les aspects financiers, la proximité de la famille ou des proches, la présence unique d’un EHPAD près du lieu habituel de résidence ou encore les nécessités exigées par l’état de santé et la dépendance vont le plus souvent clore le débat. Il y a aussi l’inoubliable : « votre maman est sortante de l’hôpital, trouvez-lui une place ! » Sans parler du fameux et increvable : « Décidez-vous vite car une place vient de se libérer ! ».
Il serait pourtant intéressant de se renseigner plus avant sur la qualité de l’accompagnement futur. Ainsi, davantage que les services revendiqués sur le papier glacé ou sur le site Internet, c’est l’ambiance relationnelle qui sera recherchée auprès de témoins à partir de divers points de vue : soignants, bénévoles, familles, amis …
Une visite préalable, rarement possible bien que souhaitable en compagnie du futur résident, est bien sûr indispensable. Il en est ainsi d’un entretien avec les responsables du lieu autour des possibilités offertes. Des exemples : ne pas permettre une sieste habituelle au lit par manque de personnel peut s’avérer une épreuve pénible pour une personne âgée. Utiliser sans retenue les contentions physiques, architecturales, pharmacologiques ou psychologiques doit éveiller l’attention. La permanence infirmière et médicale peut être interrogée. Pratiquer les soins sans adresser la parole au résident, tout en échangeant entre professionnels sur des sujets extérieurs à la situation, dénote le peu de souci porté aux personnes. Il en est ainsi de la télévision branchée bien fort sur des chaines préférées des jeunes gens. Laisser les fenêtres ouvertes après les soins, en présence des résidents, pour chasser les mauvaises odeurs expose au risque de refroidissement.
Le mieux peut être l’ennemi du bien : un résident peut se sentir étranger dans une maison de retraite luxueuse où il se retrouve isolé. L’animation est indispensable mais vouloir « animer » ou même occuper une personne qui ne le souhaite pas est une mesure déplacée. L’animal de compagnie, à défaut d’être accepté, sera-t-il interdit de visite ? En apparence un détail : ne pas disposer de chaises pour les visiteurs peut montrer à quel point ils sont peu désirés alors que les moments de retrouvailles sont souvent les plus attendus par les résidents.
Ainsi, l’argument, selon lequel « la vie en collectivité entraîne des sacrifices » devrait connaître les limites maximales possibles.
A l’inverse, le nombre, la stabilité du personnel et sa formation, en particulier à l’approche relationnelle, sont des éléments positifs et rassurants.
Toutefois, davantage qu’un catalogue de récriminations et de prestations, il faudra s’attacher à la capacité de la structure à répondre aux besoins spécifiques, personnalisés, individuels, de cette dame ou de ce monsieur toujours particulier. C’est le grand défi pour tous les lieux d’accompagnement, qu’ils soient professionnels ou non.
En conclusion, il serait faux de dire que la perspective de l’entrée en établissement est un bon moment. A l’inverse, il est possible d’atténuer cette épreuve dans la perspective des moments agréables dont témoignent nombre de résidents : des femmes et des hommes qui apprécient ceux qui se dévouent pour eux ainsi que les lieux de cette bienveillance.
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