Comment braquer une banque sans perdre son dentier
Ils sont vieux mais plutôt drôles
Des atteintes à la liberté individuelle, des repas de moins en en moins avenants, des soins sans soin poussent cinq résidents d’une maison de retraite – Martha, Stina Anna-Greta, le Génie, le Rateau – à rêver de la prison. Il est vrai qu’en Suède, elles paraissent plus avenantes que les nôtres. Mais passé 70 ans, il n’est pas facile de se faire embastiller. Il faut même de l’imagination. Heureusement, nos retraités n’en manquent pas. Et Catharina Ingelman-Sundberg, l’auteure de « Comment braquer une banque sans perdre son dentier » non plus.
La drôlerie du roman tient au fait que nos héros surmontent en permanence les handicaps liés à l’âge - difficulté à se déplacer, oublis passagers, fatigue rapide – et même les utilisent pour parvenir à leurs fins : réaliser un cambriolage spectaculaire qui leur permettra de rompre avec l’avidité des gestionnaires de maison de retraite et les dorlotera dans le giron de l’Etat pénitentiaire. Et comme l’âge désinhibe et que les scrupules ne les étouffent pas, ils cambriolent le spa d’un hôtel de luxe, puis un musée avec une maestria qui laisse les autorités confondues. Ils ne cherchent pas tant à s’enrichir qu’à profiter dignement des dernières années de leur vie.
On ne résumera pas ici les péripéties qui basculent nos aventuriers d’un univers à l’autre – le séjour de Martha en prison vaut le déplacement -. En revanche, on appuiera plus volontiers sur les qualités du livre : le style est facile à lire et l’intrigue bien ficelée. On sourit souvent car les quiproquos liés à l’âge sont une mine de situations burlesques. Bien utilisés, ils tournent à l’avantage des gens âgés, surtout que les pied nickelés sont malins.
Ce faisant, l’auteure contribue à changer le regard que nous, « les jeunes », pouvons porter sur l’avancée en âge. Morale : il est facile d’affirmer que même à 80 ans, le droit à la dignité existe, mais quand ce sont les personnes âgées elles-mêmes qui se mettent en tête de conquérir le respect, les moyens utilisés suscitent l’hilarité. Et le respect. Ils sont vieux, il est vrai mais aux âmes bien nées, la valeur ne dépend pas du nombre des années. Quel que soit l’âge, le sujet vivant demeure un sujet désirant : il veut du plaisir et de la variété dans sa vie comme tout un chacun.
Les dernières pages du livre se terminent par un programme de revendications qui devrait s’afficher au fronton de tous les Ehpad : des ordinateurs, des coiffeurs, des soins du corps, un whisky à l’apéritif etc…
Ce faisant, l’auteure contribue à changer le regard que nous, « les jeunes », pouvons porter sur l’avancée en âge. Morale : il est facile d’affirmer que même à 80 ans, le droit à la dignité existe, mais quand ce sont les personnes âgées elles-mêmes qui se mettent en tête de conquérir le respect, les moyens utilisés suscitent l’hilarité. Et le respect. Ils sont vieux, il est vrai mais aux âmes bien nées, la valeur ne dépend pas du nombre des années. Quel que soit l’âge, le sujet vivant demeure un sujet désirant : il veut du plaisir et de la variété dans sa vie comme tout un chacun.
Les dernières pages du livre se terminent par un programme de revendications qui devrait s’afficher au fronton de tous les Ehpad : des ordinateurs, des coiffeurs, des soins du corps, un whisky à l’apéritif etc…
Comment braquer une banque sans perdre son dentier de Catharina Ingelman-Sundberg
Editions Fleuve, 420 pages, mars 2014, 19,90 €.
Disponible en version numérique
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