Malade Alzheimer aux urgences : un témoignage qui fait froid dans le dos
Elle s'appelle Yoyo. Son témoignage nous a été adressé par un groupe d'aidants familiaux. Il est terrifiant. Agevillage a choisi de vous le livrer tel que nous l'avons reçu.
"Vendredi dernier, mon téléphone portable a sonné avec insistance à 7 h du matin... Tiens, bizarre, me suis-je dis...
Lorsque j'ai vu l'adresse de la maison de retraite s'afficher sur le téléphone, mon coeur s'est décroché dans ma poitrine ! Une infirmière au bout du fil me dit que mon mari a fait une chute et qu'il est aux urgences de l'hôpital. Dix minutes plus tard, j'étais là-bas.
Je l'ai trouvé seul sur un brancard, dans un box, on l'avait dévêtu, il n'avait qu'une petite chemise en coton qui lui arrivait à la taille, il était seul et lorsque j'ai vu le bulletin d'admission aux urgences, je me suis aperçue qu'il était là, seul, depuis 5 h du matin. Il grelottait. J'ai vite enlevé mon manteau pour le couvrir.
L'urgentiste est revenu pour lui poser des questions auxquelles, bien sûr, mon mari est incapable de répondre. J'avais beau dire au médecin "mon mari est en stade final d'Alzheimer, il ne peut pas vous répondre", c'était peine perdue. Le médecin insistait.
N'ayant aucune réponse, le médecin nous a fait monter avec le brancard au service scanner-radiologie, et là... Même embargo : j'explique au radiologue que je dois venir avec mon mari, qu'il ne peut pas s'expliquer vu son handicap... On m'a empêchée de rentrer au service radiologie, mais par contre dans la salle d'attente qui se trouve juste à côté, j'ai bien entendu le radiologue dire à mon mari ; "Levez les bras, où avez-vous mal monsieur ?"
J'en aurais pleuré. Que faut-il faire pour que le personnel médical comprenne ?
Après cet examen nous sommes redescendus au service des urgences, et nous revoilà dans le box, non loin du staff des infirmières. Je ne savais toujours pas ce qu'avait mon mari.
Un médecin a pris un dossier (d'où j'étais placée, je voyais tout car le staff est une pièce vitrée ouverte) et a dit tout fort : "Alors là, celui-là il n'a pas de chance : c'est un Alzheimer bipolaire, asthmatique chronique et... Il vient de se casser le col du fémur !"
C'est comme ça que j'ai appris que mon mari avait une fracture du col du fémur.
Sans commentaire. Je ne me suis même pas rebellée. En d'autres temps croyez-moi, tout le staff m'aurait entendue. Je n'ai plus le courage.
Depuis 5 h du matin, mon mari n'avait même pas eu de traitement contre la douleur et à 11h45 nous étions toujours dans le box des urgences...
Il a été admis en chambre vers midi.
Je vous passe des détails qui font froid dans le dos, mais mon mari n'a été opéré que le lundi. Aucun chirurgien n'était présent durant le week-end... Il est rentré au bloc opératoire à midi et on l'a remonté en chambre vers 17h. Je ne vous décris pas le degré d'angoisse dans lequel je me trouvais.
Après l'opération il était attaché, pour parler avec plus de nuance, "maintenu " (ce qui revient au même), car vu qu'il ne comprenait absolument pas pourquoi il était là, il voulait partir et bien sûr le personnel ne peut pas gérer ce genre de situation.
Je suis restée avec lui tous les jours jusqu'à 20h30, heure à laquelle on doit partir.
Aujourd'hui entre midi et deux heures, il a été transféré à la maison de retraite en ambulance, il criait de douleur sur le brancard... Lorsque nous sommes arrivés à la maison de retraite, j'ai bien vu au regard étonné des aides-soignantes que quelque chose n'allait pas : en fait l'hôpital ne les avait pas prévenues du retour de mon mari... Aucune transmission non plus sur une prise ou non d'antidouleurs.
L'infirmière de la maison de retraite a téléphoné et s'est aperçue qu'aucun médicament contre la douleur n'avait été donné à mon mari le matin... Alors qu'il a subi une intervention et qu'on lui a placé deux vis de garden dans la tête du fémur.
La maltraitance existe. Même passive. Elle est bien là.
J'en ai encore des frissons.
"Vendredi dernier, mon téléphone portable a sonné avec insistance à 7 h du matin... Tiens, bizarre, me suis-je dis...
Lorsque j'ai vu l'adresse de la maison de retraite s'afficher sur le téléphone, mon coeur s'est décroché dans ma poitrine ! Une infirmière au bout du fil me dit que mon mari a fait une chute et qu'il est aux urgences de l'hôpital. Dix minutes plus tard, j'étais là-bas.
Je l'ai trouvé seul sur un brancard, dans un box, on l'avait dévêtu, il n'avait qu'une petite chemise en coton qui lui arrivait à la taille, il était seul et lorsque j'ai vu le bulletin d'admission aux urgences, je me suis aperçue qu'il était là, seul, depuis 5 h du matin. Il grelottait. J'ai vite enlevé mon manteau pour le couvrir.
L'urgentiste est revenu pour lui poser des questions auxquelles, bien sûr, mon mari est incapable de répondre. J'avais beau dire au médecin "mon mari est en stade final d'Alzheimer, il ne peut pas vous répondre", c'était peine perdue. Le médecin insistait.
N'ayant aucune réponse, le médecin nous a fait monter avec le brancard au service scanner-radiologie, et là... Même embargo : j'explique au radiologue que je dois venir avec mon mari, qu'il ne peut pas s'expliquer vu son handicap... On m'a empêchée de rentrer au service radiologie, mais par contre dans la salle d'attente qui se trouve juste à côté, j'ai bien entendu le radiologue dire à mon mari ; "Levez les bras, où avez-vous mal monsieur ?"
J'en aurais pleuré. Que faut-il faire pour que le personnel médical comprenne ?
Après cet examen nous sommes redescendus au service des urgences, et nous revoilà dans le box, non loin du staff des infirmières. Je ne savais toujours pas ce qu'avait mon mari.
Un médecin a pris un dossier (d'où j'étais placée, je voyais tout car le staff est une pièce vitrée ouverte) et a dit tout fort : "Alors là, celui-là il n'a pas de chance : c'est un Alzheimer bipolaire, asthmatique chronique et... Il vient de se casser le col du fémur !"
C'est comme ça que j'ai appris que mon mari avait une fracture du col du fémur.
Sans commentaire. Je ne me suis même pas rebellée. En d'autres temps croyez-moi, tout le staff m'aurait entendue. Je n'ai plus le courage.
Depuis 5 h du matin, mon mari n'avait même pas eu de traitement contre la douleur et à 11h45 nous étions toujours dans le box des urgences...
Il a été admis en chambre vers midi.
Je vous passe des détails qui font froid dans le dos, mais mon mari n'a été opéré que le lundi. Aucun chirurgien n'était présent durant le week-end... Il est rentré au bloc opératoire à midi et on l'a remonté en chambre vers 17h. Je ne vous décris pas le degré d'angoisse dans lequel je me trouvais.
Après l'opération il était attaché, pour parler avec plus de nuance, "maintenu " (ce qui revient au même), car vu qu'il ne comprenait absolument pas pourquoi il était là, il voulait partir et bien sûr le personnel ne peut pas gérer ce genre de situation.
Je suis restée avec lui tous les jours jusqu'à 20h30, heure à laquelle on doit partir.
Aujourd'hui entre midi et deux heures, il a été transféré à la maison de retraite en ambulance, il criait de douleur sur le brancard... Lorsque nous sommes arrivés à la maison de retraite, j'ai bien vu au regard étonné des aides-soignantes que quelque chose n'allait pas : en fait l'hôpital ne les avait pas prévenues du retour de mon mari... Aucune transmission non plus sur une prise ou non d'antidouleurs.
L'infirmière de la maison de retraite a téléphoné et s'est aperçue qu'aucun médicament contre la douleur n'avait été donné à mon mari le matin... Alors qu'il a subi une intervention et qu'on lui a placé deux vis de garden dans la tête du fémur.
La maltraitance existe. Même passive. Elle est bien là.
J'en ai encore des frissons.