Comprendre les fragilités
Grippe : nouvelle campagne de vaccination pour enrayer la tendance à la baisse
Lutter contre la méfiance des personnes âgées
Les autorités sanitaires ont lancé mercredi 9 octobre leur campagne annuelle de vaccination contre la grippe saisonnière en insistant sur les personnes âgées ou à risque alors même que les Français sont de plus en plus réticents à se faire vacciner.
"Même si la grippe évolue en général de manière favorable, elle peut conduire à des formes graves, voire mortelles chez des personnes fragiles", a rappelé Marie-Christine Favrot, de la Direction générale de la santé (DGS), en donnant le coup d'envoi de la campagne 2013 qui se prolongera jusqu'à fin janvier.
Pendant cette période, un peu plus de dix millions de personnes seront invitées à se faire vacciner gratuitement. Parmi elles figurent les personnes âgées de 65 ans ou plus ainsi que celles atteintes de diverses pathologies chroniques, auxquelles sont venues s'ajouter cette année les maladies chroniques du foie, avec ou sans cirrhose.
Mais malgré tous les efforts déployés ces dernières années pour convaincre ces populations à risques, leur taux de couverture vaccinale a continué à s'éroder lentement, passant de 60,2% en 2009 - juste avant la campagne de vaccination controversée contre la pandémie A(H1N1) - à 50,1% l'an dernier, selon des chiffres rendus publics mercredi. La tendance à la baisse est particulièrement nette chez les 65-69 ans (38,8% de vaccinés en 2012 contre 55,3% en 2009).
"Nous n'avons pas réussi à inverser la tendance et c'est un problème très préoccupant pour les personnes à risques", a reconnu Frédéric van Roekeghem, Directeur général de la Caisse nationale de l'Assurance Maladie (CNAMTS).
Selon un sondage réalisé par l'institut BVA pour le compte de l'Assurance maladie, le niveau d'information des Français sur la vaccination antigrippale laisse encore à désirer : un sur deux pense ainsi à tort que le vaccin peut donner la grippe, un sur trois que la grippe peut être soignée facilement grâce aux antibiotiques et un sur cinq qu'il est plus dangereux de se faire vacciner que d'avoir la grippe.
Selon un autre sondage IFOP/PHR publié mercredi, les intentions de vaccination des Français de 18 ans et plus contre la grippe sont en baisse cette année de près de 6 points (28% contre 34% l'an dernier), tandis que 56% de ceux qui n'envisagent pas de se faire vacciner s'interrogent sur "l'utilité" du vaccin et que 23% le jugent "trop risqué".
Pour Dominique Maraninchi, le Directeur général de l'agence du médicament ANSM, ces craintes sont infondées. "Les effets indésirables graves sont tout à fait exceptionnels" a-t-il assuré.
La grippe est en revanche responsable d'un nombre élevé de décès chaque hiver, a rappelé de son côté Françoise Weber, la directrice général de l'Institut de veille sanitaire (InVS): 818 cas graves de grippe ont été admis en service de réanimation lors la saison grippale 2012-13 dont 153 ont abouti à des décès.
A ces morts, a-t-elle précisé, il convient d'ajouter une mortalité indirecte importante liée à une complication ou à la décompensation d'une autre maladie aggravée par la grippe. Par ailleurs, des décès directs peuvent survenir en dehors des services d'urgence.
Elaboré à partir des recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le nouveau vaccin, disponible dans les pharmacies à partir de vendredi, maintient les souches A(H3N2) et A(H1N1) et intègre une nouvelle souche B/Massachusetts/2/2012 (lignée Yamagata).
Les professionnels de santé sont comme les années précédentes invités à se faire vacciner et à sensibiliser leurs patients sur les enjeux de la vaccination.
Pour enrayer la tendance à la baisse, une campagne de communication - intitulée "La grippe ce n'est pas rien. Alors je fais le vaccin" - sera lancée dès la semaine prochaine à la radio, dans la presse et sur internet.
Elle se prolongera jusqu'au 15 novembre et sera notamment axée sur des spots radios de 30 secondes qui seront diffusés 6 à 8 fois par jour.