Comprendre les fragilités
la Loi autonomie c'est maintenant !
Bercy pique l’argent de la vieille
Repousser d'un an la réforme du financement de la perte d'autonomie pour mieux faire main basse sur le produit de la Casa (Contribution additionelle de solidarité pour l'autonomie, soit 600 millions prélevés en année pleine sur le revenu des retraités) confine, n'ayons pas peur des mots au cynisme le plus cru.
Comme l'explique benoitement le gouvernement : A quoi bon affecter le produit de cet impôt à la CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie, créé en 2004 pour mémoire au lendemain de la terrible canicule) puisque la loi n'est pas votée ? Mais si elle ne l'est pas, c'est parce sa présentation et son vote ont été volontairement décalés. La contribution des retraités ira donc éponger le déficit du Fond de solidarité vieillesse.
Le détournement s'est avéré si énorme que le comité national des retraités et personnes âgées (CNRPA) et même la FHF, Fédération hospitaière de France, sont sortis de leur réserve pour alerter l'opinion.
Ils n'ont pas été les seuls :
- La fédération des associations de familles et de résidents d'Ehpad (Etablissements pour personnes âgées dépendantes), la Fnapaef, hurle devant les "restes à charges" insupportables et le manque de professionnels formés et compétents auprès des personnes malades, fragilisées. L'association des directeurs au service des personnes âgées (Ad-PA) rappelle que l'Etat peut créer 20 000 postes en Ehpad ou service à domicile, dès demain. Les besoins sont là. Un choc de simplification de la consommation des crédits votés s'impose.
- L'emploi à domicile déclaré se voit menacé par le retour du travail au noir, alors que l'aide de personnes vulnérables, malades demandent un personnel formé, qualifié, encadré. Des milliers d'empois ont déjà disparu de réseaux de services associatifs depuis début 2013.
- Les financeurs de ces services sont exangues. Etat, conseils généraux, caisses de retraite (Midi-Pyrénées cette semaine)... Il manque des crédits pour l'aide aux personnes âgées. Et quand ces crédits sont votés, l'état s'arrange encore pour sous-consommer et détourner l'argent afin de soulager ses déficits, comme l'explique l'Ad-PA, au grand dam des fédérations professionnelles, vent debout face au projet de loi de finance de la Sécurité sociale 2014 (PLFSS).
Une réforme d'envergure est nécessaire pour ne plus alimenter un système non performant (trop d'hospitalisations évitables, de surmédicamentation), qui laisse filer les crédits sans évaluation complète à partir d'un référentiel national validé, sans une coordination professionnalisée des plans d'aides... qui pèsent trop sur les aidants qui s'épuisent et ne sont pas suffisament reconnus.
Il faut des financements nouveaux, fléchés, identifiés et consommés. Le sondage publié à l'occasion de la Journée nationale des aidants montre que pour "94% des sondés, les pouvoirs publics doivent se mobiliser pour soutenir les personnes âgées en perte d’autonomie en renforçant les aides financières permettant l’accès aux services (structures d’hébergement temporaire...)".
Bref comme le résume Patrick Kanner, Président du département du Nord et de l'UNCCAS (Union nationale des centres communaux d'action sociale) : la loi autonomie, c'est MAINTENANT !
La CFDT retraités lance une carte pétition qu'elle a édité à 150 000 exemplaires. Les retraités vont sillonner la France pendant la Semaine Bleue et envoyer leur carte au Président de la République.
Sans contre-pouvoir, cette maltraitance budgétaire se reproduira en 2014.