Personnes âgées : la France vieillira jeune mais la perte d'autonomie ira croissant
L’insee et la Drees tentent de prédire l’avenir pour aider le gouvernement à adapter les aides sociales
La France vieillit tout en restant jeune, mais le coût des nonagénaires en perte d’autonomie représentera un défi financier pour les pouvoirs publics.
Trois études, deux de l’Institut national de la statistique (Insee) et une de la Drees, le service des études du ministère des affaires sociales, s’intéressent aux mutations démographiques. L’une est porteuse d’une bonne nouvelle, les deux autres incitent plutôt au pessimisme.
- Pour la bonne nouvelle : la France vieillit par le haut. En effet, une étude Insee intitulée « Baby-boom et allongement de la durée de vie : quelles contributions au vieillissement ? » tente d’identifier les composantes du vieillissement démographique.
Il apparaît ainsi que la France maintient une fécondité relativement élevée et un flux migratoire de l'ordre de 100 000 entrées annuelles, les deux étant suffisants pour préserver la France d'un processus de vieillissement « par le bas ». En d’autres termes, la population active (- de 65 ans) se maintiendrait à un bon niveau alors que le nombre des personnes âgées continuera de croitre…. Cette croissance du nombre des personnes très âgées tient à deux facteurs : l'allongement de la durée de vie et l'arrivée aux âges élevés des générations nombreuses du baby-boom.
- Une autre étude de l’Insee ("2 millions de personnes âgées dépendantes bénéficiaires de l'APA en 2040" ) estime que le 1,2 million de bénéficiaires de l'allocation personnalisée d'autonomie (APA), passera à 1,5 million en 2025 à 2 millions en 2040. Les raisons en sont connues : l'espérance de vie continue de s'allonger et les générations nombreuses du « baby boom » arriveront aux âges de la perte d’autonomie - plus de 80 ans - à partir de 2025.
En d’autres termes, à moins d’une revalorisation, les aides publiques baisseront. Aujourd'hui, l’APA couvre 68 % du coût de l’aide à domicile et du forfait dépendance de la maison de retraite.... Sauf réforme, cette part diminuera encore. Là part des dépenses couvertes par les aides publiques tomberait à 61 % en 2040, dans un scénario de croissance très faible du PIB (+ 0,8 % par an), et même à 54 % dans l'hypothèse d'une croissance moyenne annuelle de 1,8 %.
- Toujours dans ce cadre du financement de la perte d’autonomie, la Drees ("Projection des populations dépendantes") étudie de son côté plusieurs hypothèses d’évolution démographique. Les projections testées dans ce travail comparent l’évolution de l’espérance de vie des hommes et des femmes à 65 ans d’ici 2060 et l’espérance de vie sans incapacité. Dans les trois scénarios retenus (optimiste, intermédiaire, pessimiste) la perte d’autonomie lourde (GIR 1 et 2) reste stable, et les écarts se font sur la perte d’autonomie modérée (GIR 3 et 4).
Dans l’hypothèse centrale, 2,3 millions de personnes percevraient l’APA en 2060, soit deux fois plus qu’en 2010. Les écarts entre les différentes hypothèses s’accentuent à partir de 2030, avec l’arrivée à l’âge de 80 ans des générations du baby-boom. L’allongement de l’espérance de vie ferait augmenter la proportion d’hommes en perte d’autonomie vivant avec leur conjoint de 50 % à 54 % entre 2010 et 2040, et celle des femmes de 16 % à 19 %. Pour ces dernières, ce sont les enfants qui, en 2010 comme en 2040, constituent les principaux aidants potentiels.
Enfin, le nombre de personnes légèrement dépendantes en institutions augmenterait, et à partir de 2025, l’augmentation serait plus nette pour les personnes fortement dépendantes (GIR 1 et 2).