Entretien avec Michèle Delaunay : l'allègement des restes à charge n'est pas acquis
Mais la ministre reste combative
Michèle Delaunay, ministre chargée des personnes âgées et de l'autonomie a répondu aux questions d'Agevillage suite au séminaire gouvernemental de rentrée pour préparer la France à l'horizon 2025. Face aux priorités gouvernementales et aux tensions financières, elle reste combattive pour la cause des âgés (comme elle les appelle) mais reste prudente quant aux arbitrages concernant l'aide à l'autonomie.
Agevillage : Nous avons regretté l'absence des enjeux du vieillissement dans les objectifs affichés, quelle est votre réaction ?
Michèle Delaunay : je salue tout d'abord l'exercice dynamique imposé par le Président d'un séminaire gouvernemental pour préparer notre pays à 10 ans. Il a été l’occasion de rappeler cette donnée inattaquable, magnifique, enthousiasmante : la démographie des âgés. Les remarquables rapports de M.Pisani-Ferry, de Me Lauvergeon l'ont rappelé : la France vieillit. Et alors ? Il nous faut repenser la place des âgés dans la société. Ils pèseront de plus en plus y compris sur le plan électoral. Rappelons qu'à 60 ans, une femme a presque 30 ans d’espérance de vie devant elle (soit la vie de Schubert). Le taux de dépendance d’ici 2025 ne va pas fortement augmenter. La prochaine date clé est 2040 : quand les baby boomers devenus papy boomers arriveront au très grand âge. D’ici là, la recherche aura travaillé et 20 ans c’est le temps de la recherche pour développer une thérapeutique (médicaments, vaccins) contre Alzheimer notamment.
Agevillage : On voit pourtant que les priorités du gouvernement ne vont pas à l'aide aux personnes âgées
Michèle Delaunay : c'est mon rôle de montrer l'atout de la longévité à mes partenaires du gouvernement. Et je m'y attèle avec conviction. Je suis confiante quand j'entends le Président de la République dans son "pacte entre les générations" appuyer ma démarche de renforcement de la place et du rôle des âgés dans la société. La Silver économie a aussi été pointée dans les recommandations des rapports. Source de nouveaux produits et services non délocalisables, l'économie au service de l'âge sera aussi source d'emplois, mais aussi de réponses pour que les plus âgés restent présents au monde.
Agevillage : Face à l'épuisement des aidants, des professionnels, aurez-vous les moyens de renforcer l'aide à l'autonomie ?
Michèle Delaunay : l'exigence monte en effet. Je l'entends. Les aides financières, l'APA (Allocation personnalisée d'autonomie) sont trop justes pour compenser les services d'aides. A côté de notre mobilisation pour déployer la Silver Economie (qui va aussi aider les aidants), il est encore trop tôt pour que je puisse en dire plus sur les futurs arbitrages. Je poursuis mon travail au sein du gouvernement pour montrer la nécessité et le caractère indispensable d'un allègement des "restes à charges" (je n’aime pas le mot car il montre les âgés comme un poids). Face aux difficultés actuelles de notre pays, nous ne répondrons peut-être pas à toute notre ambition, mais les rails seront posés et l'engagement visibilisé pour les années à venir. 2025 c'est demain, l'enjeu pour l'aide à l'autonomie (la dépendance) c'est 2040. Je postule pour rester ministre d'ici là. Après : place aux jeunes !
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