Bien vieillir (prendre soin de soi)
Le vieillissement, grand absent des dossiers de la rentrée
La rentrée 2013 s'annonce et force est de constater que le vieillissement n'est pas dans les priorités du séminaire gouvernemental qui doit préparer notre pays à aborder 2025.
Il faut boucler le budget 2014 (en déficit de plus de 10 milliards d'euros) tout en relançant l'emploi, affronter la réforme des retraites (20 milliards en jeu), concrétiser la transition écologique, faire évoluer le code pénal, l'école...
Face à ces priorités, les enjeux du vieillissement passent au second plan. En fait, ils sont carrément absents.
Or la démographie est têtue. Avec une espérance de vie toujours élevée en France, des choix sont à faire.
Depuis le rapport Laroque de 1962, on sait que la révolution de la longévité a des impacts multiples : habitat, services, intégration sociale mais aussi soins et prendre soin. Il nous faut donc une prestation, un financement solidaire et nationale avec une organisation adaptée sur chaque territoire.
La France reste la championne d'offres de services multiples, fragmentés, illisibles dans un mille-feuille administratif. On raisonne en budgets séparés (hôpitaux sanitaires versus maisons et services médico sociaux versus soins de ville versus aides sociales multiples : habitat, domicile...) alors qu'il s'agit d'accompagner une même personne qui se fragilise. La notion de parcours de prendre soin à partir d'une évaluation multidimensionnelle partagée (Dossier personnel informatisé) a du mal à s'organiser.
Depuis les années 90 avec la PSD (prestation spécifique dépendance), puis en 2001 l'APA (Allocation personnalisée d'autonomie), notre pays se cherche mais ne fait pas le choix d'un 5e risque de protection sociale pour compenser les situations de handicap quel que soit l'âge. Ce 5e risque a pourtant été annoncé par les présidents Sarkozy puis Hollande.
Or le système de l'aide à l'autonomie est à bout : guichets d'informations non visibles (Clic), services à domicile et établissements d'accueil mal financés, aidants épuisés, professionnels en sous effectifs, systèmes d'informations et d'évaluation non validés... Même les maigres crédits alloués aux personnes âgées doivent être surveillés pour ne pas être détournés (rappelle Pascal Champvert).
Or le secteur est générateur d'emplois non délocalisables, en centaines de milliers. Un vrai secteur en croissance comme en témoigne l'engouement actuel pour la "Silver économie".
"Je ne prépare pas la prochaine élection, je prépare le sort d'une future génération" a annoncé le président Hollande en novembre 2012.
C'est en effet à la Présidence de définir la vision, la stratégie qui impliquera de nombreux ministères.
La ministre chargée des personnes âgées, Michèle Delaunay, va proposer une loi sur l'adaptation de la société au vieillissement.
S'apprête-t-elle à faire l'impasse sur l'aide aux personnes âgées fragilisées ?
Peut-être aurions-nous dû souhaiter une canicule meurtrière pour réveiller une action politique...