Euthanasie : 10 ans de pratique en Belgique. Bilan du Collectif Plus digne la vie
Des manquements graves
Le bilan sur 10 ans de pratiques est le résultat de la consultation d'une vingtaine de professionnels de santé - médecins et infirmières - à travers le réseau des soins palliatifs de la Wallonie (pour des raisons de commodité linguistique)."Au moment où l’actualité nous rappelle cruellement les valeurs de notre démocratie, l’importance d’un vivre ensemble respectueux de chacun et la nécessité d’une vision qui dépasse les clivages habituels, ce travail apporte un éclairage décisif en mesure de questionner les décideurs de notre pays
Les résultats de cette consultation sont pour le moins contrastés et mettent clairement en avant des manquements graves et des doutes certains, mentionne le Collectif "Plus digne la vie procédures aléatoirement respectées, injections pratiquées en dehors du cadre légal…
Alors que les partisans d’une légalisation de l’euthanasie se réclament de cette législation, il semble indispensable que ces faits soient portés aujourd’hui à la connaissance des Français.
La volonté du législateur belge en mettant en place la loi du 28 mai 2002 relative à l’euthanasie était triple : supprimer les euthanasies clandestines ; réserver aux seuls médecins la pratique des euthanasies ; garantir la mise en œuvre de la volonté du patient.
Les euthanasies clandestines (au sens d’injections pratiquées dans le but de provoquer la mort en dehors du cadre légal) semblent loin d’avoir disparu selon les témoignages des professionnels.
Certains des répondants affirment qu’ils n’ont pas connaissance de pratiques d'euthanasie par des non-médecins, illégales pour la loi belge ou n’en ont pas été les témoins directs mais une majorité, notamment du côté des infirmières, confirme cet état de fait, déjà relevé dans la littérature.
Le dispositif permettant de respecter la volonté du patient quand celui-ci n’est plus en capacité de l’exprimer est peu utilisé (déclaration anticipée du patient, personne de confiance ou mandataire). En fait la demande est alors souvent le fait des proches. Pour les patients conscients, la vérification du caractère réitéré de la volonté du patient ne semble pas toujours assurée.
Il semble que le refus de toute obstination déraisonnable (acharnement thérapeutique) n'ait pas diminué après la mise en oeuvre de la loi. Au contraire. L'obstination déraisonnable est le fondement de la prise de position favorable à une légalisation de « l’euthanasie ».
Aucune des personnes interviewées ne conteste l’impact parfois important des pratiques d’euthanasie sur elles-mêmes et sur leur rapport au soin. Ce point, peu étudié, mériterait d’ailleurs une plus vaste exploration. Il apparaît clairement que c’est une expérience psychiquement complexe, qui pèse lourdement sur les praticiens.
La variété des actes tels qu’exposés indique probablement une absence d’unicité des pratiques, y compris sur la procédure pharmacologique, laissée à l’appréciation du médecin, alors même que la moitié des procédures sont effectuées par des généralistes au domicile.
Souffrance physique. Il ne semble pas exister de méthodes communes, de grille de lecture objective pour apprécier ce critère autorisé par la loi, permettant la mise en œuvre d’une euthanasie. Dès lors la notion de souffrance psychique est appréciée de façon différente selon les cas.
L’avis d’un second médecin semble être demandé selon des méthodes variables, y compris simplement sur dossier. Il ne s’agit pas ici de l’avis du médecin sollicité quand la mort n’est pas inéluctable à court terme et qui doit être un psychiatre ou un spécialiste de la pathologie concernée. Il s’agit du médecin qui doit, dans tous les cas, être consulté obligatoirement pour confirmer le caractère grave et incurable de l’affection.
Variation de l'information sur les soins palliatifs. L’appréciation de ce critère semble, comme le critère sur la souffrance psychique, varier largement selon les cas.
Sur le site du collectif retrouvez le bilan complet de 10 ans de pratiques d'euthanasie en Belgique : la consultation, les questions posées, l'analyse des réponse et tout le verbatim.
Le Colllectif Plus digne la vie invite tout un chacun à diffuser largement ce bilan dans son entourage (familial, amical, professionnel, ...)