L'euthanasie s'invite dans la campagne présidentielle
Agitation et propagande
L'association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), qui a déjà fait parler d'elle au début du mois de mars avec sa campagne de sensibilisation à l'euthanasie, a réuni entre 1 000 et 2 000 personnes, samedi 24 mars, sur la place de la République. Ce rassemblement a été suivi d'une marche jusqu'au Cirque d'hiver où a eu lieu un meeting en présence notamment du maire socialiste de Paris, Bertrand Delanoë.
ADMD avait appelé les candidats à venir s'exprimer publiquement sur la question de l'euthanasie.
Seuls Jean-Luc Mélenchon et Eva Joly ont répondu présents, Nicolas Sarkozy et François Hollande s'étant respectivement fait représenter par le député européen Philippe Juvin et la députée George Pau-Langevin. Dans son programme, M. Mélenchon s'est prononcé en faveur de l'inscription, dans la Constitution, du droit de "décider de sa propre fin et d'être assisté lorsqu'on en décide". De son côté, l'écologiste Eva Joly a indiqué vouloir "aller au-delà de la loi Leonetti" sur la fin de vie, pour instaurer "une aide active à mourir" strictement encadrée.
Les candidats à la présidentielle ont adopté une position prudente sur l’euthanasie. François Hollande, s'est déclaré partisan d'une "assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité" dans "des conditions précises et strictes". Evitant le terme d'"euthanasie", il évoque plutôt "une procédure : quand une personne demande, parce qu'elle n'en peut plus (...). Il ne s'agit pas de dépénaliser mais d'encadrer cette mort dans la dignité."
Nicolas Sarkozy, de son côté, s'est fermement opposé dans un entretien au Figaro magazine à un remaniement de la loi Leonetti qui, depuis 2005, interdit l'acharnement thérapeutique et instaure un droit au "laisser mourir". Cette loi autorise l'administration par les médecins de traitements anti-douleur permettant de soulager la souffrance avec pour "effet secondaire d'abréger la vie" d'un malade. Pour lui, "la loi Leonetti est parfaitement équilibrée, elle fixe un principe, celui du respect de la vie" alors que "l'euthanasie légalisée risquerait de nous entraîner vers des débordements dangereux".
Une position partagée par le centriste François Bayrou.