Aide à l'autonomie : associations et collectifs interpellent les candidats à la présidentielle
Plusieurs associations de personnes âgées, des experts, se mobilisent à l'occasion des élections présidentielles.
Alertes 38 s'adresse aux aux "candidat(e)s déclarés "à la lourde responsabilité de Président(e) de la République Française.
"Vous devez donc connaître l’immensité des besoins ressentis par la majorité de nos concitoyens. Nous tenons cependant à attirer votre attention sur une question qui concerne un nombre important de Français. C’est le million et demi de bénéficiaires de l’Allocation Personnalisée d’Autonomie et de la Prestation de Compensation du Handicap, qui ont bien du mal à prendre en charge moralement et financièrement leur situation de dépendance. Ce sont les quatre millions d’aidants familiaux qui, jour après jour, sont confrontés aux difficultés matérielles et psychologiques de leurs parents. Tous estiment nécessaire la mise en place rapide d’une prestation communément appelée allocation d’autonomie.
Devant l’ampleur de cette question et devant la diversité des réponses envisagées, dans le département de l’Isère, l’Association Alertes a réuni vingt-cinq organisations, sensibilisées à cette question, cruciale pour beaucoup de personnes âgées ou handicapées. Elles ont réfléchi ensemble à l’élaboration de propositions qui seraient positives pour la majorité des personnes concernées et se sont retrouvées sur un certain nombre de positions communes.
Pour mieux faire connaître ces demandes, et parmi d’autres initiatives (réunions publiques, conférences de presse, rassemblements, audience en préfecture, lettre au Président de la République …), elles ont organisé à travers tout le département, la diffusion d’un document tiré à plus de 44 000 exemplaires et dont nous vous joignons un spécimen.
Le résultat actuel de ces actions revendicatives n’a été, de la part du pouvoir, qu’un report d’indécisions successives.
- Une réforme ambitieuse et cohérente qui concrétise l’universalité du droit à compensation par la création d’un risque autonomie de sécurité sociale pour toutes personnes (âgées, handicapées…) se retrouvant en perte d’autonomie temporaire ou durable, quels que soient l’âge, le projet de vie et le lieu d’habitation de la personne,
- La mise en place rapide d’une allocation de compensation universelle et personnalisée (personnes âgées et personnes handicapées) par un financement basé sur la solidarité nationale, assis sur les richesses produites par le travail mais aussi sur les revenus du capital.
- La suppression de la barrière d’âge à 60 ans : devenir handicapé après 60 ans ouvre actuellement des droits moins importants que si on le devient avant 60 ans. La loi votée en 2005 devait entrer en application en 2010 mais les décrets d’application sont toujours en attente.
- Un élargissement de l’APA au lieu de la réduction parfois annoncée pour le GIR 4. Une meilleure prise en charge de la perte d’autonomie sera créatrice de milliers d’emplois nouveaux et réduira donc d’autant le chômage qui frappe si durement notre pays.
Nos organisations ont aussi été unanimes pour :
- refuser le recours sur succession. Il existait pour la PSD et avait ensuite été unanimement rejeté comme étant une double peine financière pour ces personnes qui avaient dû passer déjà tant de temps comme aidants bénévoles.
- refuser le recours obligatoire à des assurances privées pour la couverture de ce risque. Cette mesure ne respecterait pas le principe de la solidarité nationale selon la formule « De chacun selon ses moyens à chacun selon ses besoins ».
La prise en compte de la perte d’autonomie des personnes âgées ou handicapées est l’un des défis de notre société du XXIème siècle. L’aide à l’autonomie, quel que soit l’âge, doit rester dans le champ de la protection sociale. Pour vivre en société, il faut être solidaire. La solidarité passe par la protection sociale. C’est une solution prioritaire de justice sociale.
L’effort demandé pourrait, à certains, paraitre important mais il sera loin d’être insurmontable pour les finances de notre pays et nous sommes conscients que vous aurez à cœur d’assumer ces choix politiques nécessaires, reflet d’une politique volontariste et bénéfique à tous les Français.
Nous sommes assurés que vous aurez la volonté politique de répondre à l’attente de millions de personnes âgées ou handicapées et de leurs familles. Ensemble nous vous demandons d’inclure ce projet dans le calendrier de votre programme et de vous engager à le réaliser dans une concertation avec les partenaires concernés.
Nous aurons à cœur d’y veiller".
De son côté, le collectif pour un vrai 5ème risque qui s'est re-baptisé « Collectif pour un droit universel d’aide à l’autonomie ", adresse lui-aussi son manifeste aux candidats à l'élection présidentielle :
"La réforme de la prise en charge de la « Dépendance » devait être un grand chantier du quinquennat tant les attentes des élus, des collectivités, des associations et, surtout, des personnes âgées en situation d’incapacité, et de leurs familles, étaient légitimes et demandaient une réponse urgente. Pourtant, malgré les très nombreuses rencontres avec les partenaires concernés au niveau de l’Etat, des régions et des départements, malgré de nombreuses études et missions parlementaires, et malgré des déclarations officielles laissant présager une amorce de solution, le gouvernement a repoussé « sine die » toute réforme.
Pourquoi ? Ni le prétexte de la crise financière et économique, ni le manque d’analyses invoqué ne nous paraissent crédibles.
Les besoins générés par les situations de handicap et d’incapacité, quel que soit l’âge, restent mal couverts. Les dispositifs qui y répondent sont éclatés entre de multiples acteurs, ce qui les rend illisibles et inefficaces, ce qui laisse à la charge des personnes en situation d’incapacité notamment les plus âgées des sommes de plus en plus élevées, et une charge de travail croissante pour les familles.
La souscription d’une assurance individuelle obligatoire n’est pas de nature à compenser les besoins d’aide, d’après l’avis même du gouvernement. Le respect de la dignité des personnes atteintes impose une réponse financière basée massivement sur la solidarité nationale.
Le maintien de la barrière d’âge (60 ans) amène à une discrimination par l’âge dans la compensation des besoins générés par la perte d’autonomie pour l’accomplissement des activités essentielles de la vie quotidienne, avec un montant d’allocations pouvant varier de plus d’un, avec l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) à 60ans et au-delà, à sept, avec la prestation de compensation du handicap (PCH) avant 60 ans.
Ce dispositif est une injustice et une discrimination par l’âge contraires aux règles d’égalité de droits de notre République, même si les réponses à mettre en œuvre, en dehors de la compensation, ne sont pas de même nature. Il est une régression sociale par rapport à la période où la prestation de compensation était indépendante de l’âge.
Nous vous demandons de vous engager à créer un DROIT UNIVERSEL D’AIDE A L’AUTONOMIE sans distinction d’âge, financé essentiellement par la solidarité nationale.
Les citoyens de notre Nation souhaitent débattre d’un nouveau contrat social, car il ne s’agit pas d’une simple mesure financière mais bien d’une réforme plus globale touchant également la gouvernance du dispositif d’aide et de soins."
Les membres du collectif, signataires de ce texte, attendent votre réponse.
Ils vous proposent de la transmettre à l’adresse suivante : pourunvraicinquiemerisque@gmail.com
Association d’études et de recherches en économie sociale : Alain Poulet (AERES) ; Confédération française des retraités) : François Bellanger (CFR) ; collectif des démocrates handicapés : Jean-Louis Fontaine (CDH) ; Fédération des associations de personnes âgées et de leur famille : Joëlle Legall (FNAPAEF) ; Fédération hospitalière de France : René Caillet (FHF) ; Fédération nationale des associations de retraités : Sylvain Denis (FNAR ) ; Grande loge féminine de France : Michèle Grenet (GLFF) ; Grand Orient de France : Guy Arcizet (GODF).
Bonnet Maurice (ancien membre du conseil économique, social et environnemental) ; Caudron-Callewaert Jean-Michel (consultant en ingénierie gérontologique) ; Ennuyer Bernard (sociologue) ; Henrard Jean-Claude (professeur émérite de santé publique, gérontologue) ; Horwitz Marc (journaliste, spécialiste de santé publique) ; de Vivie Annie (fondatrice d’Agevillage.com).