Alzheimer : un anticancéreux réduit rapidement les plaques amyloides sur le cerveau de la souris
Des essais sur l’homme l’an prochain ?
Un médicament contre le cancer a rapidement restauré les fonctions cérébrales de souris de laboratoire atteintes de l'équivalent d'Alzheimer, une avancée pouvant déboucher sur un traitement pour cette maladie incurable et dévastatrice, révèle une étude publiée jeudi 9 février.
Un anti-cancéreux, le bexarotene, a fait disparaître chez ces souris jusqu'à 75% des plaques de bêta-amyloïde, une formation de protéines dont l'accumulation est une des principales caractéristiques pathologiques d'Alzheimer. Mieux ce médicament a aussi inversé les symptômes de cette maladie, comme la perte de mémoire. Tout juste 72 heures après avoir commencé le traitement avec le bexarotene, les souris de laboratoire --génétiquement modifiées pour développer l'équivalent de la maladie d'Alzheimer-- ont commencé à montrer des comportements normaux.
Ces animaux ont ainsi retrouvé leur mémoire et le sens de l'odorat, explique à l'AFP le Dr Daniel Wesson, professeur adjoint de neurosciences à la faculté de médecine Case Western à Cleveland (Ohio, Nord), principal co-auteur de l'étude publiée dans la revue américaine Science datée du 10 février. Il note que la perte de l'odorat est souvent le premier signe de la maladie d'Alzheimer chez les humains.
Cette avancée est "sans précédent", juge Paige Cramer, un chercheur de la faculté de Médecine Case Western qui a contribué à cette recherche: "Jusqu'alors le meilleur traitement existant chez des souris de laboratoire prenait plusieurs mois pour éliminer les plaques amyloïdes". "Ce médicament est efficace chez les souris et notre prochain objectif est de s'assurer qu'il agit de la même manière chez les humains", ajoute le Dr Gary Landreth, professeur de neurosciences dans cette même faculté et principal auteur de l'étude.
"Nous sommes encore aux tout premiers stades de nos efforts pour transformer cette découverte de recherche fondamentale en un traitement", note ce chercheur. Selon le Dr Wesson, l'équipe de recherche "espère obtenir les premiers résultats d'un essai clinique préliminaire d'ici l'année prochaine". Cette recherche est basée sur la découverte en 2008 par le Dr Landreth du fait que le principal véhicule du cholestérol dans le cerveau est une protéine appelée Apolipoprotéine E (ApoE), qui facilite aussi la destruction des bêta-amyloïdes.
Un accroissement des niveaux de cette protéine dans le cerveau accélère le "nettoyage" des plaques amyloïdes qui s'y sont accumulées, expliquent les chercheurs. La maladie d'Alzheimer se développe en grande partie quand l'organisme, en vieillissant, perd la capacité d'éliminer le bêta-amyloïde qui se forme naturellement dans le cerveau. Il apparaît que le bexarotene reprogramme les cellules immunitaires dans le cerveau pour qu'elles puissent de nouveau "dévorer" les dépôts amyloïdes.
Le bexarotene, initialement développé par le laboratoire américain Ligand Pharmaceuticals sous le nom de marque Targretin, avait été approuvé par l'Agence américaine des médicaments (FDA) en 1999. Il traite un cancer rare dit lymphome cutané à cellule T.
Le laboratoire japonais Eisai a racheté les droits mondiaux du brexarotène en 2006.