Vivre chez soi
Première ligne : Journal d'un service d'aide à domicile en pleine crise
Embarqués dans la vraie vie, sur le terrain
Dafna Mouchenik est l'énergique fondatrice de l'entreprise LogiVitae, un service d'aide à domicile parisien fondé en 2007. Elle nous avait raconté la vie Derrière nos portes dans un premier livre. Et face à cette crise sanitaire, face à cette cascade de difficultés qui se sont succédé dans la vie de son service, elle a repris la plume pour partager son admiration de ses équipes de terrain. Ces invisibles sans qui la vie quotidienne des plus âgés fragilisés, celles de leurs proches aidants, ne serait juste pas possible. Et s'ils étaient tous absents ?
La crise du covid-19 a mis en lumière l'importance clé de ces métiers pour vivre, survivre, revivre, explique Dafna Mouchenik. Dans un style direct et percutant, elle nous dépeint l'accompagnement quotidien de "Madame-Déboussolée", Monsieur "Cause-Toujours", Madame "J'en ai rien à cirer", Madame "Qu'on adore", Monsieur "Trop mimi", etc.
Les aider à sortir du lit, faire leurs courses, préparer et servir leurs repas, partager les nouvelles avec leurs proches, faire le lien avec les professionnels de santé, aller chercher les médicaments, soutenir ces aidants "qui prennent cher"... s'associent à une capacité relationnelle élevée. Ici pas d'aide à la toilette en télétravail, la distance de plus d'un mètre est bien difficile à mettre en œuvre. "Un travail de dingue pour perdre un fric fou", explique l'auteure, car ces services sont notoirement sous-tarifés.
A poil
Rien ne leur a été épargné pendant cette crise : en plus des problèmes de garde car les écoles ne les reconnaissaient pas (au départ) comme personnels soignants, idem pour les autorisations de déplacement, les coûts des transports, ce secteur d'activité invisible n'a pas été doté au début de la crise d'équipements de protection individuelle (EPI) à savoir masques, solutions hydroalcooliques, gants, blouses. Alors qu'ils devaient intervenir en priorité vers les personnes fragiles et même malades !
Le système D a joué à fond avec les proches des uns et des autres, avec les autres services d'aide et de soins, avec les établissements pour personnes âgées dépendantes, avec Décathlon, avec le soutien des autorités parisiennes et ces bénévoles qui sont venus en renfort pour appeler chaque personne aidée en plein confinement, et combattre ensemble cette belle "connasse" : la culpabilité.
Défendre et financer ce professionnalisme
"C'est plié, le président nous a encore oublié. Suis fâchée" s'insurge Dafna Mouchenik qui veut que soient valorisés ces professionnels investis, engagés, qui revendiquent une reconnaissance sonnante et trébuchante de leurs métiers indispensables.
Elle pointe l'arrivée promise d'une loi Grand Age Autonomie, d'un nouveau risque de Sécurité sociale, des Etats généraux de la séniorisation de la société en écho aux travaux de Myriam El Khomri sur la revalorisation des métiers du Grand Age qui préface le livre.
"On ne lâchera rien. Plus question de remettre (ces décisions) à demain", conclut l'auteure.
Première ligne
Journal d'un service d'aide à domicile durant le confinement
Dafna Mouchenik
Editions Fauves
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