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Confinement : des mesures renforcées dans les maisons de retraite
Le confinement en chambre individuelle est il compatible avec un accompagnement adapté des résidents ?
Alors que les maisons de retraite sont de plus en plus touchées par la vague épidémique de Covid-19, le gouvernement a annoncé le 31 mars le renforcement des mesures de confinement en établissement. De nouvelles restrictions qui posent le problème de l’accompagnement des personnes âgées. Explications.
La grande reporter Florence Aubenas a passé 11 jours dans maison de retraite de Bagnolet, confinée auprès des 65 résidents de l’établissement.
Elle raconte son expérience dans Le Monde, le quotidien des résidents et la façon dont le personnel de l'établissement fait face à la progression du virus.
Depuis le début de la pandémie, de nombreux événements tragiques ont été recensés dans des établissement hébergeant des personnes âgées.
29 décès liés au Covid 19 sont survenus dans un Ehpad à Mougins (06). Un épisode dramatique qui pose de nombreuses questions sur la sécurité mise en place.
Une plainte contre X pour “mise en danger de la vie d’autrui” a d’ailleurs été déposée par la famille d’une résidente de l’Ehpad.
Samedi 28 mars, le ministre de la Santé Olivier Véran demandait “aux EHPAD de se préparer à aller vers un isolement individuel de chaque résident dans les chambres”.
3 jours plus tard, de nouvelles consignes destinées aux établissements de santé et aux établissements hébergeant des personnes âgées dépendantes (EHPAD et USLD) ont été formulées par le gouvernement.
Un confinement renforcé aux lourdes conséquences
Des consignes qui imposent le confinement des résidents en chambre individuelle et qui vont à l’encontre des recommandations faites par le Comité consultatif national d'éthique (CCNE).
En effet le CCNE a rendu un avis sur le renforcement des mesures et déclare que “la situation d’urgence ne saurait autoriser qu’il soit porté atteinte aux exigences fondamentales de l’accompagnement et du soin”.
Si l’urgence sanitaire est belle est bien là, le CCNE rappelle cependant que “toute mesure contraignante restreignant les libertés reconnues par notre État de droit, notamment la liberté d’aller et de venir, doit être nécessairement limitée dans le temps, proportionnée et adéquate aux situations individuelles”.
Un avis qui va dans le sens du Conseil scientifique mis en place par l’Élysée qui met en évidence que “le confinement individuel soulève d’importantes questions non seulement sanitaires, mais aussi éthiques, légales et plus largement sociales”.
Les acteurs du grand âge montent au créneau
“Chez nous, les résidents sont atteints d’une pathologie démentielle sévère à 95%. Comment ferons-nous pour faire maintenir ces personnes dans leur chambre ? Faut-il les attacher ? Les sédater ? Comment faire comprendre à une personne souffrant de troubles sévères qu’il ne faut pas bouger ?”
A travers une lettre adressée au ministre des Solidarités et de la Santé, l’association Asshumevie qui délivre le label de bientraitance Humanitude, souligne que ces mesures renforcées ne permettent pas de prendre soin des personnes en maisons de retraite de façon adaptée à leurs pathologies.
Dans cette lettre, l’association demande que l’état autorise et protège les stratégies adaptatives justifiées et tracées.
L'Association des Directeurs au service des Personnes Agées (AD-PA) appelle aussi à préserver la santé physique et psychique des personnes âgées et réclame :
- "d'assurer la mise à disposition, autant que de besoin, de masques pour l'ensemble des professionnels, avec une attention particulière pour ceux de l'aide à domicile, voire des personnes âgées"
- "de développer des campagnes de tests systématiques de tous les professionnels et personnes âgées"
- "d'organiser un renfort significatif des équipes en établissement comme à domicile afin d'en augmenter le nombre et notamment des psychologues pour soutenir personnes âgées, familles et professionnels"
Des initiatives pour maintenir le lien en Ehpad
Face aux problématiques liées au confinement, les maisons de retraite multiplient les initiatives astucieuses pour continuer à animer, à accompagner tout en respectant les restrictions.
Ainsi dans une maison de retraite d’Hettange-Grande (Moselle), des séances de “ciné-mobile” ont été mises en place.
Ce dispositif de cinéma portatif navigue de chambre en chambre, vers ceux qui n’ont pas de télévision pour leur apporter un peu d’animation.
Et si on se faisait un petit film ? 🎬
— GROUPE SOS Seniors (@GSOSSeniors) March 29, 2020
L'animatrice de l'EHPAD La Kissel à Hettange-Grande @GroupeSOS #Seniors a créé une "ciné mobile", pour permettre aux résidents qui n’ont pas de 📺 dans leur chambre, de regarder des films ou documentaires. #RESTEZCHEZVOUS #RESTEZENLIEN pic.twitter.com/72ejELZhME
Dans l’hôpital Charles Foix des “télé-visites” sont organisées pour que les résidents puissent rester en lien avec leur famille, comme le raconte Joël Belmin, chef du service de gériatrie de l’hôpital :
"Un chariot mobile pouvant aller dans les chambres a été préparé avec un ordinateur portable, un petit haut-parleur et du matériel pour l’hygiène (soluté hydro-alcoolique, clavier et souris nettoyables de type bloc opératoire, nettoyant de surface, film alimentaire). La hauteur du plateau du chariot mobile peut être ajustée.
Les secrétaires médicales ont appelé chaque personne de confiance pour les informer de cette nouvelle possibilité et gèrent les rendez-vous pris pour ces Télé-Visites qui sont pour l’instant limitées à 10 minutes.
Les secrétaires envoient à la famille par e-mail un courrier de confirmation du RV avec des instructions pour préparer la télé-visite et font un test avec la famille pour résoudre les éventuelles difficultés techniques avant le rendez-vous."
Un système ingénieux qui respectent les mesures d'hygiène comme le souligne Joël Belmin "Le médiateur porte un masque dit chirurgical, réalise une désinfection des mains avant et après la télé-visite, le clavier et la souris sont nettoyables avec des produits de surface et le clavier de l'ordinateur portable - qui en principe n'est pas touché ou manipulé - est protégé par un film alimentaire jété à la fin d'une série de télé-visites."
Un système ingénieux qui respectent les mesures d'hygiène comme le souligne Joël Belmin "Le médiateur porte un masque dit chirurgical, réalise une désinfection des mains avant et après la télé-visite, le clavier et la souris sont nettoyables avec des produits de surface et le clavier de l'ordinateur portable - qui en principe n'est pas touché ou manipulé - est protégé par un film alimentaire jété à la fin d'une série de télé-visites."
Dans un Ehpad de Roybon (Isère), les résidents participent régulièrement à la réalisation d’un journal télévisé.
Une façon de continuer à être créatif et de rester en lien avec ses proches.
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