A lire : Les gratitudes, Delphine de Vigan
Comment partir si l’on ne peut dire merci ?
Michka a ouvert sa porte à Marie quand elle était petite. Michka a aussi été recueillie petite pendant la guerre. Alors qu'arrivent le grand âge et les pertes de mémoire, elle ne veut pas partir sans avoir dit merci à ceux qui l'ont sauvée.
L'écriture de Delphine de Vigan nous touche au coeur et nous invite à savoir dire notre gratitude à tous nos proches aidants.
Grandir, vieillir et oser dire merci
Le roman suit l'arrivée de Michka dans une maison de retraite parce que le domicile est devenu trop compliqué.
"Pas trop difficile ? Michka". "Si" répond-elle mais "Mais pas si tant".
Au fil des pages, au fil des jours, Michka constate que ses "mots s'échopent, s'écharpent" (page 61) et ce malgré les efforts et la patience de Jérôme, l'orthophoniste (celui qui aide à dire justement).
Même "si vieillir c'est apprendre à perdre", Michka résiste. Elle s'accroche et continue de faire quelques bêtises pour se sentir vivante (comme cacher sa bouteille de whisky par exemple).
Mais ce qu'elle veut surtout, avant que les mots ne s'effacent, c'est pouvoir remercier, exprimer toute sa gratitude à ceux qui l'on aidée.
Avec une acuité piquante, Michka sait aussi inviter ceux qui l'entourent à faire de même : "Vous avez écrit à votre père ?" répète-t-elle à Jérôme, sans qu'alors aucun mot ne déraille.
"Vous êtes-vous déjà demandé combien de fois dans votre vie vous avez réellement dit merci ? Un vrai merci. L'expression de votre gratitude, de votre reconnaissance, de votre dette.
A qui ?
On croit toujours qu'on a le temps de dire les choses, et puis soudain c'est trop tard" souligne l'auteur.
Merci Delphine de Vigan de nous inviter avec tant de finesse et de justesse, à exprimer un immense merci à nos proches, nos parents, nos sauveurs.
Les gratitudes
Delphine de Vigan
Editions JC Lattès
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