Illectronisme : face à l'illettrisme numérique
Un vrai handicap pour les démarches administratives
Alors que l'Observatoire des usages du digital publie une première étude nationale, un quart des français est concerné par l'illettrisme numérique, baptisé "l'illectronisme" a souligné une autre étude orchestrée par le CSA Research pour le syndicat de la presse sociale (SPS).
L'enjeu : alerter les pouvoirs publics pour lutter contre cette discrimination.
Un tiers des plus de 70 ans ne sont pas connectés
89% des Français de plus de 15 ans, possèdent un ordinateur, un smartphone, ou une tablette. Mais 39% des plus de 70 ans juge difficile leur utilisation selon l'étude CSA. 87% disposent d’une connexion chez eux. Ceux qui n’en bénéficient pas ne se connectent pas pour autant ailleurs.
C'est le cas notamment des seniors de plus de 70 ans dont un tiers ne sont pas connectés.
De son côté, le Conseil national des villes (CNV) affirme que "40% de la population française déclare, aujourd’hui, ne pas être à l’aise avec l’environnement et l’usage du numérique et 13 millions de personnes en sont exclues, soit 20% de la population".
Les usages d'Internet
Les principaux usages restent l'information, la communication (emails) et la consultation des comptes bancaires.
« Les Français ont un usage raisonnable d’Internet et des outils digitaux, ils sont d’abord intéressés par ce qui leur facilite le quotidien (mobilité, voyages, courses en ligne, divertissement : musique et films en ligne), moins par les réseaux sociaux» estime Gervais Pelissier, directeur général adjoint d’Orange pour l'Observatoire des usages du digital. L’apprentissage en ligne du Code de la route, les applications éducatives (pour enfants), qui facilitent le quotidien (banque, les déplacements, météo) sont de plus en plus prisées. Les applications "Santé" sont encore peu utilisées. En revanche, l'Observatoire des usages du digital pointe que 55 % des Français ont accompli une démarche administrative au cours des douze derniers mois (déclaration de revenus en ligne, paiement des amendes). Les mots du numérique sont encore mal connu (voir le lexique numérique).
En revanche, ceux qui n'utilisent pas Internet, évoquent un manque d'intérêt, souligne l'étude CSA. Près d'un tiers des personnes interrogées, quel que soit leur âge, ont déjà renoncé à faire quelque chose qui exigeait l'usage d'Internet.
Les abandonistes
Ce comportement d'abandon, de « blocage » se retrouve dans toutes les catégories de la population française : hommes (19%) comme femmes (18%); jeunes seniors (50-64 ans : 25%), mais aussi moins de 35 ans (15%); CSP+ (20%*), CSP- (18%) comme inactifs (18%); habitants des régions (19%) comme de l’Ile-de-France (18%); habitants de communes rurales (20%) comme de l’agglomération parisienne (18%).
Près de quatre abandonistes sur 10 ont renoncé à une démarche administrative. Parmi les pistes pointées par l'étude CSA : simplifier les sites des administrations (comme pour obtenir le code de carte grise).
Apprendre à se servir du numérique
Apprendre à se servir d'un traitement de texte, à enregistrer des documents sur l'ordinateur, faire uen recherche sur Internet, envoyer un email, scanner un document, une photo... une majorité des personnes interrogées par le CSA souhaiteraient "progresser parce que cela peut m’être utile". 55% cherchent à se faire accompagner, d'abord par un membre de leur famille.
Des cours et autres ateliers adaptés sont à découvrir dans les milliers d'Espaces publics numérique (il y a forcément un EPN près de chez vous), bus numérique en Gironde, conférence à Paris, passeport numérique dédié à Issy-les-Moulineaux, forum à Rennes, mobilisation de l'association Old Up (pour les octo plus) et de Génération Mouvement pour favoriser l'autonomie numérique des plus âgés (soutien à la déclaration impôts, Ameli) ...
Un apprentissage tout au long de la vie qui ne pourra s'effectuer sans le déploiement de la couverture réseau pour permettre de se connecter sur tout le territoire en lien avec le programme « État 2022 100% des démarches administratives dématérialisées ». Le conseil national des Villes formule 4 axes de travail : fixer des ambitions nationales et mesurer les impacts des actions, assurer le financement des mesures d’inclusion numérique et sociale, définir les accompagnements adaptés pour les publics éloignés et accueillir pour respecter le lien de proximité.