Comprendre les fragilités
Troubles du comportement : comment les gérer ?
Désorientation, aggressivité, apathie
Le réseau des conseils de la vie sociale (CVS) de l'Essonne partage des conseils "à faire/à ne pas faire" face aux troubles du comportement d'un proche désorienté. Ils sont diffusés par la Maison des aidants à partir des travaux de la Direction générale de la santé. Les voici avec quelques compléments.
Avant tout : a-t-il/elle mal ? Quelque chose le dérange-t-il/elle ?
Il s'agit de vérifier une cause organique, physique au trouble du comportement : douleur, envie pressante, faim, froid...
Questionnez votre proche, demandez-lui doucement, bien en face, dans son regard, avec le sourire, s'il a mal, s'il a envie d'aller aux toilettes, s'il a faim, froid, s'il est dérangé par un bruit (un programme à la radio, à la télévision).
Demandez régulièrement conseils à votre médecin et aux intervenants de l'aide et du soin qui ont un regard professionnel sur la situation.
Parfois le trouble s’arrêtera de lui-même. Sinon en cas d’opposition, de refus :
Ne pas réprimander son proche, lui faire la morale, lui parler de façon autoritaire, le forcer.
Au contraire : être à l'écoute, prendre le temps de comprendre son refus, être doux, adapter son comportement (être bien en face pour être vu, entendu, compris), essayer de décaler les soins autant que possible ("pas de soin de force sans abandon de soin" selon le label Humanitude).
Cela demande d'évaluer la situation et de déployer des techniques d'entrée en relation progressives par des regards bien en face, des paroles apaisantes, des touchers progressifs, doux, pacifiants.
Si le refus est confirmé, on acte : "Pas de souci, je vois que ce n'est pas le moment". Invitez à comprendre le soin, la toilette (pour se sentir bien, sortir, aller voir untel, recevoir de la visite). Prenez rendez-vous (je reviendrai dans uen demi-heure). Votre proche sera rassuré d'être écouté, entendu. Il va sûrement se (re)préparer à ce soin.
En cas de déambulation
Ne pas barrer la route, empêcher de passer, obliger son proche à s'asseoir, laisser des obstacles sur son passage.
Mais plutôt faciliter la déambulation, marcher avec lui, vérifier qu'il est bien chaussé.
Et aussi demandez-vous ce qui l'anime ainsi : peut-être s'ennuie-t-il, qu'aimait-il faire (coudre, cuisiner, jardiner, écouter de la musique...) ? Proposez des activités adaptées un peu partout dans la maison (armoires, tiroirs à farfouiller). Une ambiance douce, chaleureuse, invite aussi à se poser.
En cas d’agitation, d’agressivité
Ne pas tenter de raisonner la personne, réagir de manière brutale,
agressive, ne pas utiliser des moyens de contention, ne pas faire
beaucoup de bruit, de grands gestes.
Mais plutôt orienter la
personne vers une autre idée, faire diversion (vers des sujets qu'elle
aime), utiliser le contact (regard d'Humanitude : pupille à pupille), le
toucher, chanter une chanson, enlever les objets dangereux, repérer les
moment de fatigue (proposer d'aller se reposer dans un endroit calme)
et d'agacement (limiter la source d'énervement), établir des routines
quotidiennes et si besoin demandez de l'aide de proches, de
professionnels (médecin, aides et soins à domicile, ESA : équipes
spécialisées Alzheimer...).
En cas d’apathie, de perte d’initiative
Ne pas tout faire à sa place, ne pas le presser, ne pas faire plusieurs choses à la fois (on parle de troubles de l'attention divisée comme écouter et prendre un couvert et manger...), ne pas lui parler de façon autoritaire ni lui faire du chantage.
Au contraire : proposez lui de participer la vie quotidienne de la maison (course, repas, linge, ménage, jardinage), proposez lui des activités en lien avec son histoire (son métier, ses passions), respectez son rythme de vie (sommeil, repas).
En cas d’hallucination, de délire
Ne pas paniquer, ne pas tenter de raisonner la personne, ne pas la ridiculiser.
Mais plutôt : dites-lui que vous la croyez mais que vous ne voyez pas ce qu'elle voit, ayez des propos rassurants, essayez de changer de conversation.
Et aussi proposez lui d'aller boire un café, un jus de fruit, de manger un gâteau, un carré de chocolat, montrez lui des images qui la rassurent.
Parlez-en à votre médecin (il vérifiera les éventuelles interactions médicamenteuses).
Et vous aussi, vous avez le droit de craquer
Prenez soin de vous pour prendre soin de votre proche. Parlez de votre risque de craquer à votre médecin.
Acceptez l'aide de proches, de professionnels formés et compétents, de psychologue, groupes de parole (café des aidants), solutions de répit chez soi, en accueils spécialisés (de jour, temporaires)...
Sachez que même si les troubles s'aggravent, vous pourrez toujours compter sur la mémoire émotionnelle, celle qui nous fait réagir depuis tout petit aux regards encourageants, aux paroles douces, aux sourires, aux caresses, à la tendresse.
Tenter d'oser rire de ces troubles, de ces situations incroyables, parfois étonnamment poétiques.
Ecrivez-les. Les médecins, les proches comprendront mieux ce que vous vivez.
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