Question aux experts : le syndrome de Diogène, par le Dr Bernard Pradines (partie 2)
La semaine dernière, le docteur Pradines avait défini un syndrome et rappelé qui était Diogène. Aujourd'hui, il nous en dit plus sur le syndrome de Diogène.
Pour Montfort2, quatre symptômes doivent être recherchés :
1. Aucune demande n’émane de la personne bien qu’elle soit dénuée de tout. Cet item est considéré comme principal par Wong3, les trois suivants étant secondaires.
2. Elle entretient une relation inhabituelle avec les objets qui l’entourent : accumulation d’ordures et d’éléments divers ou absence d’objet au domicile.
3. Les relations avec les humains ne sont pas bonnes, caractérisées par la misanthropie4.
4. L’auto-négligence extrême de son corps se traduit par un manque évident d’hygiène.
Des variantes peuvent être observées : il peut exister une demande d’aide minimale, non professionnelle, afin d’assurer la survie dans un milieu particulièrement hostile.
Certains sujets vont surtout économiser à l’excès : c’est le « mendiant thésauriseur ».
L’accumulation, quant à elle, peut être univoque ou variée. Peu ragoutante, celle des excréments conjugue la négligence du corps et le fait d’amasser des substances.
Toutefois, un « Diogène propre » est possible : la présentation de la personne à l’extérieur de son domicile peut donner le change5. Cette variabilité a pu faire évoquer des « Diogènes partiels » et des « Diogènes totaux ». Un « Diogène à deux » n’est pas impossible .
Du fait de l’incurie, le délaissement du corps dépasse le simple abandon de l’hygiène courante : des plaies ou ulcères peuvent demeurer sans attention. Au point que des pathologies évoluées ne sont pas rares.
Bien sûr, le logement attire la faune opportuniste (insectes, rats…) et dégage toutes sortes d’odeurs qui ne font pas le bonheur du voisinage. Ce dernier se trouve menacé d’incendies ou d’inondations.
Tant qu’à faire, il serait incohérent de payer des factures qui s’accumulent sans être honorées. D’autant plus que le règlement serait inévitablement adressé à des bénéficiaires qui pourraient s’en réjouir.
Dans la troisième partie, j’aborderai les facteurs envisageables à l’origine de ce syndrome.
Références
1 Clark AN, Mankikar GD, Gray I. Diogenes syndrome. A clinical study of gross neglect in old age. Lancet. 1975 Feb 15;1(7903):366-8.
2 Monfort J.-C., Hugonot-Diener L, Devouche E, Wong C, Péan I. Le syndrome de Diogène et les situations apparentées d’auto-exclusion sociale. Enquête descriptive. Psychologie & NeuroPsychiatrie du Vieillissement. 2010. 8(2):141-53.
3 Wong C. Le syndrome de Diogène : description clinique et conduite à tenir. NPG Neurologie - Psychiatrie - Gériatrie. Volume 13, Issue 73, February 2013, pages 51–60.
4 Misanthropie : mot d’étymologie grecque signifiant détestation et mépris du genre humain
5 Monfort J.-C. (en vidéo ici)
Description
Si la vie du philosophe éponyme se situait dans l’Antiquité, l’attribution de son nom par un gériatre anglais à ce syndrome date seulement de 19751.Pour Montfort2, quatre symptômes doivent être recherchés :
1. Aucune demande n’émane de la personne bien qu’elle soit dénuée de tout. Cet item est considéré comme principal par Wong3, les trois suivants étant secondaires.
2. Elle entretient une relation inhabituelle avec les objets qui l’entourent : accumulation d’ordures et d’éléments divers ou absence d’objet au domicile.
3. Les relations avec les humains ne sont pas bonnes, caractérisées par la misanthropie4.
4. L’auto-négligence extrême de son corps se traduit par un manque évident d’hygiène.
Des variantes peuvent être observées : il peut exister une demande d’aide minimale, non professionnelle, afin d’assurer la survie dans un milieu particulièrement hostile.
Certains sujets vont surtout économiser à l’excès : c’est le « mendiant thésauriseur ».
L’accumulation, quant à elle, peut être univoque ou variée. Peu ragoutante, celle des excréments conjugue la négligence du corps et le fait d’amasser des substances.
Toutefois, un « Diogène propre » est possible : la présentation de la personne à l’extérieur de son domicile peut donner le change5. Cette variabilité a pu faire évoquer des « Diogènes partiels » et des « Diogènes totaux ». Un « Diogène à deux » n’est pas impossible .
Du fait de l’incurie, le délaissement du corps dépasse le simple abandon de l’hygiène courante : des plaies ou ulcères peuvent demeurer sans attention. Au point que des pathologies évoluées ne sont pas rares.
Bien sûr, le logement attire la faune opportuniste (insectes, rats…) et dégage toutes sortes d’odeurs qui ne font pas le bonheur du voisinage. Ce dernier se trouve menacé d’incendies ou d’inondations.
Tant qu’à faire, il serait incohérent de payer des factures qui s’accumulent sans être honorées. D’autant plus que le règlement serait inévitablement adressé à des bénéficiaires qui pourraient s’en réjouir.
Dans la troisième partie, j’aborderai les facteurs envisageables à l’origine de ce syndrome.
Références
1 Clark AN, Mankikar GD, Gray I. Diogenes syndrome. A clinical study of gross neglect in old age. Lancet. 1975 Feb 15;1(7903):366-8.
2 Monfort J.-C., Hugonot-Diener L, Devouche E, Wong C, Péan I. Le syndrome de Diogène et les situations apparentées d’auto-exclusion sociale. Enquête descriptive. Psychologie & NeuroPsychiatrie du Vieillissement. 2010. 8(2):141-53.
3 Wong C. Le syndrome de Diogène : description clinique et conduite à tenir. NPG Neurologie - Psychiatrie - Gériatrie. Volume 13, Issue 73, February 2013, pages 51–60.
4 Misanthropie : mot d’étymologie grecque signifiant détestation et mépris du genre humain
5 Monfort J.-C. (en vidéo ici)