Report de accessibilité des lieux publics : les associations de personnes handicapées en colère
« Honteux », « inadmissible », « insupportable »… Les associations de personnes handicapées n'ont pas de mots assez forts pour qualifier l’adoption définitive de l’ordonnance accessibilité par les députés et sénateurs.
L'accessibilité aux transports en commun est repoussée de trois ans pour les transports urbains, de six ans pour les transports interurbains et même de neuf ans pour le train et pour que les 60 % d’établissements recevant du public qui ne sont pas encore accessibles aux personnes en situation de handicap le deviennent.
Et ce malgré la remise aux députés de 232 000 signataires d'une pétition pour l'accessibilité du "Collectif pour une France accessible".
L’ex-animateur de Canal+, Dominique Farrugia sur Twitter, atteint de sclérose en plaques et contraint de se déplacer en fauteuil roulant, a qualifié de «simplement inadmissible » le report de la mise en accessibilité. Avant d’appeler à une action coup de poing sur le mode de la dérision : « Je propose qu’on bloque des portes de Paris avec nos fauteuils roulants… Oui mais comment y arriver… Aux portes. »
« Dommage que les fauteuils roulants soient moins efficaces que les tracteurs pour bloquer les routes », a réagi le généticien Axel Kahn, le 23 juillet.
Jean-Marcel Bouguereau dans la République des Pyrénées, demande "Y a-t-il en France des députés ou des sénateurs handicapés qui pratiquent le fauteuil roulant ? Quel avocat célèbre en France n'a ni bras ni pied ? C'est le cas John Kemp aux Etats-Unis. A-t-on vu un Président de la République en fauteuil comme Roosevelt en Amérique ?"
Accompagner le nouvel agenda de mise en accessibilité
Ceux sont les maîtres mots de la ministre Ségolène Neuville, en charge des personnes handicapées. Pour éviter ce fiasco aux nouvelles dates d'échéance, elle rappelle que les gestionnaires d’établissements recevant du public (ERP) ou de moyens de transports qui ne sont pas en conformité avec l’obligation d’accessibilité, ont jusqu’au 27 septembre 2015 pour déposer en mairie ou préfecture leur agenda d’accessibilité programmé (Ad’ap).
Le Défenseur des Droits, Jacques Toubon, qui a en charge l’application de la Convention internationale des droits des personnes handicapées, reste inquiet « quant aux moyens mis en œuvre pour garantir la mise en accessibilité des ERP, dans le cadre de la nouvelle procédure des Ad’ap ». Il estime que « les nouveaux délais accordés et les dérogations prévues ne sont pas de nature à obtenir des résultats rapides et tangibles en matière d’accessibilité » et se montrera très vigilant sur la mise en œuvre.