Un petit enfant aide sa grande tante, atteinte d'Alzheimer
Ce texte nous a été proposé par un petit groupe d'aidants.
Belle réflexion sur la place de chacun, et la faculté à accepter et intégrer cet "invité" si dérangeant...
"Maman a les cheveux qui poussent vite.
J'appelle sa coiffeuse, qui la coiffe depuis vingt ans.
Elle me dit qu'elle me tiendra au courant de sa venue, quinze jours, pas de nouvelles.
J'avais senti qu'à sa dernière visite, c'était de plus en plus dur pour coiffer maman.
Encore un silence, c'est pas grave, j'aurais préféré qu'on me le dise ouvertement.
L'emmener chez le coiffeur, pas possible, l'expérience je l'avais déjà tentée.
Alors j'ai pris les ciseaux et j'ai fait de mon mieux, juste ce qui dépassait, car je suis pas coiffeuse.
Et puis une idée me vient, ma petite cousine est coiffeuse.
Allez je tente, j'appelle, elle est contente de venir couper les cheveux à sa grande tante et son oncle.
Je la mets au courant de comment risque de se passer ce moment de coiffure avec sa tante.
Nous y voilà, le jour J, maman est contente, du monde, ma petite cousine et ses enfants.
On papote un peu, petit café en famille, maman fixée sur les enfants, 5 mois et 3 ans, on compte plus.
Je vais lui laver la tête, tout se passe bien, pas de nom d'oiseaux en vue.
Maman s'installe, ne bouge pas, ma petite cousine commence, jusqu'ici tout va bien.
Je suis étonnée, maman suit tout ce que ma petite cousine lui dit, jusqu'ici tout va bien.
Ses cheveux commencent à tomber au sol, maman regarde,
Maman commence à bouger, frotter les cheveux qui tombe sur elle, son visage change
Maintenant, moi, je sais ce qui va se passer.
J'essaye de la rassurer, comme d'habitude, ma petite cousine ne comprend pas ce changement.
Pourtant je l'avais prévenue, mais quand on ne le vit pas, on comprend pas.
Je demande à ma petite cousine si elle a bientôt fini, deux trois coup de ciseaux et c'est bon.
Et bien non c'est pas bon, maman part dans sa colère, se lève, pleure, elle veut partir
Je suis habituée, je gère, lui prend la main, l'emmène dans une autre pièce tout en la rassurant.
Ma petite cousine reste figée, surprise, voilà elle a vu l'invité sous un autre angle.
Mais le petit bout de trois ans, qui a vu ce qui s'était passé, nous rejoint et prend la main de maman.
Et là un contact de réconfort s'installe, je ne compte plus, je m'écarte et j'observe.
J'observe ce contact entre maman et ce petit bout, un contact de douceur, de tendresse, c'est beau. Ce n'est pas moi qui l'ai calmée cette fois, c'est ce petit bout de trois ans.
A notre retour, ma petite cousine avait les larmes aux yeux, elle est très sensible.
De voir sa grande tante comme ça, lui a fait mal, je lui dis que c'est comme ça, il faut s'habituer
Ne pas lui en vouloir, de ne pas se sentir coupable du changement, on n'y peut rien et sa tante non plus.
Maman était revenue avec son sourire, rien ne s'est passé pour elle,
On lui a dit qu'elle était belle, maman a fait un gros bisous à ma petite cousine.
Allez au grand tonton, pas de problème pour lui tout se passe bien.
Je dois m'absenter, ma petite cousine me propose de rester jusqu'à mon retour, ok
Je lui explique quelques trucs au cas où l'invité changerait d'humeur, de m'appeler
Quand je m'absente je n'ai jamais l'esprit tranquille, mais là je n'ai pas le choix, c'est pour ma santé.
J'active le pas pour rentrer vite.
Je me suis absentée une heure, une heure où tout s'est bien passé,
Car maman et le petit bout ont joué ensemble, coloriage, chatouilles, rires, que du bonheur.
L'invité s'est tenu tranquille, le petit bout a su s'en occuper comme un grand.
Ma petite cousine m'a demandé si l'invité pouvait faire mourir sa tante.
Là j'ai vu qu'elle n'avait pas vraiment réalisé qui était l'invité, de quoi il était capable. Alors j'ai employé des mots doux, pas agressifs, pour qu'elle comprenne mieux l'invité.
Elle s'est mise à pleurer, je lui ai dit de ne pas pleurer, de regarder sa tante comme elle l'a toujours regardée
D'être toujours la même, de ne rien changer, de l'écouter, de surtout garder son amour pour sa tante.
Puis je lui ai demandé, le mois prochain tu reviens couper les cheveux à ta tante ?
Elle m'a dit, Doune je reviendrai avant vous rendre visite si ça te dérange pas,
Maintenant je suis la coiffeuse de ma tante et de mon oncle.
Quelques années que j'essaye de faire comprendre à l'entourage, la famille, qui est l'invité,
Aujourd'hui il a été compris, je pense, car il a été vécu, pendant une demi journée avec du changement.
Notre porte a toujours été ouverte, c'est eux qui n’ont pas su ou voulu la franchir.
Maintenant je verrai si notre porte continuera à être franchie
Puis si ce n'est pas le cas, je ne serais pas déçue, je me suis fait une raison.
Doune"
Ce texte révèle bien les freins des adultes, comme il est difficile de conserver le regard et la fraicheur d'un enfant. A l'image de ce film qui invite à regarder la différence avec les yeux d'un enfant.
Belle réflexion sur la place de chacun, et la faculté à accepter et intégrer cet "invité" si dérangeant...
"Maman a les cheveux qui poussent vite.
J'appelle sa coiffeuse, qui la coiffe depuis vingt ans.
Elle me dit qu'elle me tiendra au courant de sa venue, quinze jours, pas de nouvelles.
J'avais senti qu'à sa dernière visite, c'était de plus en plus dur pour coiffer maman.
Encore un silence, c'est pas grave, j'aurais préféré qu'on me le dise ouvertement.
L'emmener chez le coiffeur, pas possible, l'expérience je l'avais déjà tentée.
Alors j'ai pris les ciseaux et j'ai fait de mon mieux, juste ce qui dépassait, car je suis pas coiffeuse.
Et puis une idée me vient, ma petite cousine est coiffeuse.
Allez je tente, j'appelle, elle est contente de venir couper les cheveux à sa grande tante et son oncle.
Je la mets au courant de comment risque de se passer ce moment de coiffure avec sa tante.
Nous y voilà, le jour J, maman est contente, du monde, ma petite cousine et ses enfants.
On papote un peu, petit café en famille, maman fixée sur les enfants, 5 mois et 3 ans, on compte plus.
Je vais lui laver la tête, tout se passe bien, pas de nom d'oiseaux en vue.
Maman s'installe, ne bouge pas, ma petite cousine commence, jusqu'ici tout va bien.
Je suis étonnée, maman suit tout ce que ma petite cousine lui dit, jusqu'ici tout va bien.
Ses cheveux commencent à tomber au sol, maman regarde,
Maman commence à bouger, frotter les cheveux qui tombe sur elle, son visage change
Maintenant, moi, je sais ce qui va se passer.
J'essaye de la rassurer, comme d'habitude, ma petite cousine ne comprend pas ce changement.
Pourtant je l'avais prévenue, mais quand on ne le vit pas, on comprend pas.
Je demande à ma petite cousine si elle a bientôt fini, deux trois coup de ciseaux et c'est bon.
Et bien non c'est pas bon, maman part dans sa colère, se lève, pleure, elle veut partir
Je suis habituée, je gère, lui prend la main, l'emmène dans une autre pièce tout en la rassurant.
Ma petite cousine reste figée, surprise, voilà elle a vu l'invité sous un autre angle.
Mais le petit bout de trois ans, qui a vu ce qui s'était passé, nous rejoint et prend la main de maman.
Et là un contact de réconfort s'installe, je ne compte plus, je m'écarte et j'observe.
J'observe ce contact entre maman et ce petit bout, un contact de douceur, de tendresse, c'est beau. Ce n'est pas moi qui l'ai calmée cette fois, c'est ce petit bout de trois ans.
A notre retour, ma petite cousine avait les larmes aux yeux, elle est très sensible.
De voir sa grande tante comme ça, lui a fait mal, je lui dis que c'est comme ça, il faut s'habituer
Ne pas lui en vouloir, de ne pas se sentir coupable du changement, on n'y peut rien et sa tante non plus.
Maman était revenue avec son sourire, rien ne s'est passé pour elle,
On lui a dit qu'elle était belle, maman a fait un gros bisous à ma petite cousine.
Allez au grand tonton, pas de problème pour lui tout se passe bien.
Je dois m'absenter, ma petite cousine me propose de rester jusqu'à mon retour, ok
Je lui explique quelques trucs au cas où l'invité changerait d'humeur, de m'appeler
Quand je m'absente je n'ai jamais l'esprit tranquille, mais là je n'ai pas le choix, c'est pour ma santé.
J'active le pas pour rentrer vite.
Je me suis absentée une heure, une heure où tout s'est bien passé,
Car maman et le petit bout ont joué ensemble, coloriage, chatouilles, rires, que du bonheur.
L'invité s'est tenu tranquille, le petit bout a su s'en occuper comme un grand.
Ma petite cousine m'a demandé si l'invité pouvait faire mourir sa tante.
Là j'ai vu qu'elle n'avait pas vraiment réalisé qui était l'invité, de quoi il était capable. Alors j'ai employé des mots doux, pas agressifs, pour qu'elle comprenne mieux l'invité.
Elle s'est mise à pleurer, je lui ai dit de ne pas pleurer, de regarder sa tante comme elle l'a toujours regardée
D'être toujours la même, de ne rien changer, de l'écouter, de surtout garder son amour pour sa tante.
Puis je lui ai demandé, le mois prochain tu reviens couper les cheveux à ta tante ?
Elle m'a dit, Doune je reviendrai avant vous rendre visite si ça te dérange pas,
Maintenant je suis la coiffeuse de ma tante et de mon oncle.
Quelques années que j'essaye de faire comprendre à l'entourage, la famille, qui est l'invité,
Aujourd'hui il a été compris, je pense, car il a été vécu, pendant une demi journée avec du changement.
Notre porte a toujours été ouverte, c'est eux qui n’ont pas su ou voulu la franchir.
Maintenant je verrai si notre porte continuera à être franchie
Puis si ce n'est pas le cas, je ne serais pas déçue, je me suis fait une raison.
Doune"
Ce texte révèle bien les freins des adultes, comme il est difficile de conserver le regard et la fraicheur d'un enfant. A l'image de ce film qui invite à regarder la différence avec les yeux d'un enfant.