2025: une France "plus vieille, plus petite, moins riche"
Une étude du Commissariat général à la stratégie et à la prospective
Une France "plus vieille, plus petite, moins riche" mais "qui ne manquera pas d'atouts" : le commissaire général à la stratégie et à la prospective Jean Pisani-Ferry a présenté lundi devant le séminaire gouvernemental à l'Elysée sa vision de la France de 2025.
"La France dans 10 ans sera à coup sûr plus vieille, plus petite, moins riche", estime Jean Pisani-Ferry dans sa présentation. "La France ne manquera pas d'atouts", ajoute cependant le commissaire général à la stratégie et à la prospective, qui souligne qu'elle "sera mieux formée, encore excellemment équipée et potentiellement attractive".
La France dans dix ans sera aussi "plus urbaine" et "offrira davantage d'emplois qualifiés".
Jean Pisani-Ferry pointe une "société française (qui) n'a plus confiance en l'avenir parce qu'elle n'a plus confiance en elle-même, en ses institutions économiques, politiques, sociales et au total en sa capacité à mettre les avancées scientifiques et techniques au service de tous".
Cette France plus vieille de dix ans évoluera dans un environnement mondial où "la classe moyenne (...) comptera probablement entre trois et quatre milliards de personnes, contre 2,1 milliards aujourd'hui et 1,2 milliard il y a dix ans". "Malgré la montée en puissance d'une nouvelle vague de pays en développement, le ralentissement de la croissance des économies émergentes est appelé à se poursuivre", selon Jean Pisani-Ferry.
Restent les "incertitudes" géopolitiques: "rivalité Chine-Etats-Unis, tensions au Moyen-Orient"... "L'Europe dans 10 ans apparaît avec moins de netteté", estime le commissaire général qui souligne que "pour la première fois en cinquante ans, elle est facteur d'incertitude plutôt que de stabilité".
"Une responsabilité particulièrement lourde pèse ainsi sur notre pays", insiste-t-il.
Le commissaire général à la stratégie et à la prospective, qui devra rendre au Premier ministre un projet pour la France pour les dix ans qui viennent, a expliqué que sur la base de sa présentation, il va "commencer par écouter, concerter des partenaires sociaux, des experts à Paris et en province et aussi les citoyens"."Une stratégie à dix ans c'est au-delà d'une mandature, ce n'est pas la stratégie d'un gouvernement, c'est une stratégie qui engage plus large", a-t-il déclaré à la presse dans la cour de l'Elysée.
Anne Lauvergeon, présidente de la commission Innovation 2030, était également présente pour "donner un premier parfum" au séminaire gouvernemental du rapport qu'elle doit rendre mi-septembre. "Tout n'est pas prioritaire", a-t-elle relevé. "Nos grand concurrents internationaux, les compétiteurs mondiaux ont fait ou font des choix stratégiques qu'ils soient officiels ou officieux", a souligné Mme Lauvergeon.
La présidente de la commission Innovation 2030 entend proposer sept "secteurs clés" où "les innovations technologiques peuvent nous permettre de prendre des positions de leader tout en ayant des bases installées significatives".
Parmi ces secteurs, le stockage de l'énergie et le recyclage des matières premières. "On ne peut pas développer des énergies renouvelables en grande quantité si on ne n'a pas une façon de stocker de l'électricité. Il est complétement stratégique d'avoir la maîtrise de ce sujet", a déclaré l'ex-patronne d'Areva.
Elle a également cité la "silver economy" (qui tourne autour des personnes âgées), soulignant que "30% des Français auront plus de soixante ans en 2025, 1 milliard d'habitants de la planète auront plus de 60 ans". "C'est un énorme sujet, comment grâce à la robotique, à la domotique, vivre une troisième et une quatrième partie de la vie dans les meilleures conditions", a-t-elle poursuivi.
"L'internet des objets va complétement changer notre vie et si on a raté les Smartphones et les tablettes, on a aucune raison de rater ces objets de l'internet", a-t-elle encore souligné.