Pics de pollution atmosphérique et personnes âgées : que faire ?
Les personnes âgées sont sensibles à la pollution atmosphérique, d’autant plus qu’elles avancent en âge. De plus, elles présentent souvent des affections chroniques préexistantes telles que des maladies cardio-vasculaires ou respiratoires. Ainsi, le risque de cette situation peut malheureusement outrepasser celui d’une simple irritation respiratoire ou oculaire.
Le système respiratoire se trouve « aux premières loges », d’une part par le biais de l’inflammation, d’autre part du fait de l’exacerbation d’une maladie fréquente préexistante : la bronchopathie chronique obstructive (BPCO), plus connue sous le nom de « bronchite chronique » par le public.
Le cœur n’est pas en reste, lui qui est si souvent sujet à défaillances à cet âge. Ajoutons-y le sang qui circule moins bien et transporte plus mal l’oxygène dont il est chargé. Enfin les vaisseaux sanguins ne sont pas « oubliés » avec une augmentation des risques habituels liés à l’athérosclérose, tels les accidents vasculaires cérébraux par obstruction sur le réseau artériel (1).
Aussi ne faut-il pas s’étonner si une corrélation a pu être observée entre la pollution et les admissions dans les hôpitaux du fait de maladies cardiaques ou respiratoires comme l’infarctus du myocarde, l’insuffisance cardiaque, l’asthme ou les bronchites.
Dans cette même tranche d’âges, un faible niveau socio- économique favoriserait ces désordres.
Sommes-nous impuissants ? Que faire ?
Outre l’importance cruciale des politiques à long terme visant à réduire la pollution de l’air, chacun devra se tenir informé de la situation en temps réel ainsi que des conseils afférents.
Il n’est pas interdit de vérifier discrètement si votre solitaire voisine de palier ou de quartier est bien au fait des alertes en cours !
Il existe deux seuils d'information du public par les autorités publiques :
Un seuil "d'information et de recommandation" qui doit alerter les personnes fragilisées et sensibles à la pollution de l'air, dont les personnes âgées, qu’elles soient ou non atteintes d’une maladie respiratoire, d’allergies, ou d’une maladie cardio-vasculaire.
Dans ce cas, les recommandations sont les suivantes selon Air Languedoc-Roussillon (2) :
- Eviter les activités physiques et sportives en extérieur comme en intérieur, privilégier les activités calmes. Il faut tout faire pour éviter de respirer trop d'air pollué.
- Eviter les zones fortement polluées : grandes artères, rues encaissées, périphériques et, par extension, toute zone de trafic intense.
- Eviter de prendre sa voiture pour ne pas aggraver le phénomène de pollution, privilégier le covoiturage et les transports collectifs.
- Enfin, penser à renouveler l’air intérieur de son domicile aux heures fraîches du matin et du soir quand le trafic est plus faible.
Les zones situées à moins de 500 mètres d’une voie à grande circulation sont susceptibles d’être les plus polluées. Si l’on utilise sa voiture, la ventilation excluant l’air extérieur sera privilégiée. Lors des arrêts aux feux de circulation, dans un bouchon ou dans un tunnel, il peut être judicieux d’arrêter son moteur. Aérer sa voiture, véritable piège à polluants, est utile en zone peu ou pas polluée.
Enfin, une activité physique adaptée est fortement recommandée chez les personnes âgées. Ce n’est donc que dans des circonstances précises qu’il convient d’y renoncer (3). Le choix du lieu de cet exercice devrait obéir au bon sens.
Un seuil "d'alerte" qui doit aviser l'ensemble de la population sur l'épisode de pollution et privilégier les bonnes pratiques. Ici, les recommandations à toute la population concernent aussi les personnes âgées qui sont invitées à éviter les promenades et ne procéder qu’aux déplacements indispensables.
Une fois encore, la solidarité de voisinage peut s’exercer : mon vieux voisin aurait-il besoin que j’ajoute des courses à ma liste de commissions ?
Les médias focalisent l’attention sur les pics de pollution (particules et ozone) mais l’exposition chronique à long terme cause encore davantage d’hospitalisations ou de décès prématurés d’origine cardiovasculaire et respiratoire.
En conclusion, nous voici confrontés à un phénomène redoutable, durable, éminemment collectif donc politique, qui doit nous amener à davantage de solidarité avec les personnes âgées et toutes celles qui sont fragiles. Un défi et une opportunité !
Pour en savoir davantage :
www.airparif.asso.fr/pollution/effets-de-la-pollution-sante
www.invs.sante.fr/publications/extrapol/26/extrapol_26.pdf
Texte proposé par Bernard Pradines et co-écrit avec le Docteur Jean Scheffer, cardiologue (Albi)
(1) accidents vasculaires cérébraux dits « ischémiques »
(2) http://www.air-lr.org/bonnes-pratiques/en-cas-de-pic-de-pollution/c-32-13.html
(3) Andersen ZJ, de Nazelle A, Mendez MA, Garcia-Aymerich J, Hertel O, Tjønneland A, Overvad K, Raaschou-Nielsen O, Nieuwenhuijsen MJ. A Study of the Combined Effects of Physical Activity and Air Pollution on Mortality in Elderly Urban Residents: The Danish Diet, Cancer, and Health Cohort. Environ Health Perspect. 2015 Jan 27.